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Les Clés du classique #15 - Le Quintette  « La Truite » de Schubert

Publié le 23 décembre 2021 — par Charlotte Landru-Chandès

1819 : pour adapter son lied   « La Truite », Schubert choisit une formation des plus originales : un quintette pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse...

La série Les Clés du classique nous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits du Quintette « La Truite » de Franz Schubert sont interprétés par François-Frédéric Guy (piano), Vaclav Remes (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle) et Jiri Hudec (contrebasse). Ce concert a été enregistré à la Cité de la musique le mercredi 13 janvier 2010.

Retrouvez l'intégralité du concert sur Philharmonie à la demande.


 Franz Schubert : Quintette « La Truite »

Été 1819… Franz Schubert vient d’avoir 22 ans, il décide de prendre quelques vacances dans la petite ville de Steyr, en Autriche. Un cadre idéal pour se ressourcer. C’est son ami, le chanteur Johann Michael Vogl, grand baryton du moment et enfant du pays, qui est à l’initiative de ce voyage. Il adore les lieder de Schubert et espère bien profiter des vacances pour en chanter. À Steyr, l’ambiance est des plus familiales. Schubert réside chez un avocat qui vit avec ses huit enfants. Et il a bien de la chance, car on va même jusqu’à déplacer le piano dans sa chambre pour qu’il puisse travailler tranquillement ! Les journées sont bien remplies par la musique, la composition, le piano, le chant, mais aussi les balades dans la campagne environnante, le long des rivières, la Steyr et l’Enns… Schubert est enchanté par les paysages ; il écrit à son frère : « Les environs de Steyr sont beaux, au-delà de toute description. » Et le soir, de retour de promenade, le dîner se passe chez des amis ou voisins, les von Koller par exemple…
Parmi les personnalités locales, Steyr compte aussi un certain Sylvester Paumgartner. C’est d’ailleurs chez lui que vit Michael Vogl. Paumgartner est violoncelliste et reçoit souvent pour des après-midis ou des soirées musicales. Il est aussi un grand admirateur de la musique de Schubert. On peut donc imaginer son engouement quand le compositeur accompagne Vogl au piano dans ses lieder. C’est Paumgartner qui va lui suggérer d’adapter son lied Die Forelle (La Truite), composé sur un poème de Christian Friedrich Daniel Schubart, en pièce de musique de chambre.

Pour adapter son lied, Schubert choisit une formation on ne peut plus originale : un quintette pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse. Le choix d’une contrebasse, peu fréquente dans les formations chambristes de l’époque, peut surprendre. Selon le musicologue André Lischke, ce choix visait peut-être à réserver le rôle fonctionnel de la basse à un autre instrument que le violoncelle, et ainsi offrir à Paumgartner, violoncelliste, rappelons-le, une partie plus mélodieuse. C’est donc en grande partie à Steyr que Schubert va composer son Quintette « La Truite ». Il l’achève au début de l’automne suivant, à Vienne.

Composé de cinq mouvements, le Quintette « La Truite » s’ouvre par un Allegro vivace, enthousiaste et chantant, suivi d’un Andante en fa majeur. Puis vient le Scherzo, comme souvent vif et vigoureux. Avant de s’achever par un Allegro giusto, lumineux et entraînant, le quintette laisse place à un mouvement original, constitué d’un thème et cinq variations d’après Die Forelle (La Truite), le lied de Schubert. Inutile de rappeler à quel point ce mouvement est devenu célèbre, c’est d’ailleurs à lui que l’on pense en premier quand on évoque La Truite.

Malheureusement, Schubert ne connaîtra pas le succès de son quintette. Il ne sera publié qu’un an après sa mort, en 1829.
 

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
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