Valery Gergiev dirige deux chefs-d’œuvre de la modernité naissante. Sous sa baguette, Debussy et Stravinski se répondent de manière saisissante.

Un an seulement sépare L’Oiseau de feu du Martyre de saint Sébastien. Quoi de plus différent pourtant que les couleurs fauves, l’irisation orchestrale du ballet de Stravinski et l’énigmatique musique que Debussy composa sur un livret de D’Annunzio ? Le chatoiement orchestral de L’Oiseau de feu, créature mythique du folklore russe, n’a d’égal que la variété de ses atmosphères, de l’énigmatique Berceuse aux rugissements de La Danse infernale du roi Katschei, jusqu’à l’embrasement final. La suite orchestrale du Martyre de saint Sébastien, conçue par Claudio Abbado, met en valeur certaines des plus belles inspirations du compositeur français. On ne joue plus guère l’ouvrage initial, commande de la danseuse Ida Rubinstein d’une durée de cinq heures. Reste la musique, d’un mystère ineffable, sous la baguette d’un des plus grands chefs actuels.