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Répons de Boulez

Clé d'écoute
adulte
Amphithéâtre - Cité de la musique
Durée : environ 45 minutes
Avec 
Laurent Feneyrou, conférencier

Animées par des musicologues spécialistes du sujet, les CLÉS sont de courtes conférences qui préparent l'esprit et l'oreille à l'écoute d’une œuvre programmée dans le concert qui suit.

En 1981 d’abord, au Festival de Donaueschingen, puis à Londres en 1982 et à Turin en 1984, à l’issue de révisions successives, Pierre Boulez livre Répons, chef-d’œuvre de son troisième style. Un ensemble de vingt-quatre musiciens, au centre de la salle, sous l’autorité immédiate du chef d’orchestre, six instruments solistes autour du public, à égale distance, ainsi qu’un dispositif électronique de transformation et de spatialisation du son suscitent une expérience musicale presque rituelle. Si le titre dénote l’art du Moyen Âge, et plus particulièrement d’un chant grégorien où alternent voix soliste et chœur, Répons renoue surtout avec quelques intuitions de l’art baroque. Gilles Deleuze a longuement commenté le pli, porté à l’infini, comme critère de ce baroque, et sa déclinaison moderne, chez Mallarmé, Michaux ou Hantaï. Avec Boulez, l’ornement, davantage qu’une note seule, recluse en un point qui lui serait strictement assigné, circonscrit une zone sans cesse en mouvement. La figure, rayonnante, n’est plus conçue comme une essence immuable, mais comme un perpétuel devenir. Et l’harmonie naît des contraires, sinon des désaccords entre les plans, conférant à l’écriture sa densité et une épaisseur gorgée de contrastes et de torsions, de mouvements qui tantôt fuient tantôt se concentrent, tantôt s’élèvent tantôt chutent. Une épaisseur, et non une profondeur, comme Mallarmé l’écrivait de son Livre. L’image que l’on associera à Répons sera donc non le cercle clos, mais la spirale. Et Boulez d’évoquer l’architecture de Frank Lloyd Wright pour le Musée Guggenheim de New York, où le visiteur, héros leibnizien malgré lui, revoit encore ce qu’il a vu et entrevoit déjà ce qu’il verra, dépliant un présent chargé du passé et gros de l’avenir.

Après des études à la Sorbonne, à l’École des hautes études en sciences sociales et au Conservatoire de Paris, Laurent Feneyrou est boursier Lavoisier du ministère des Affaires étrangères, conseiller pédagogique à l’Ircam, puis conseiller musical auprès de la direction de France Culture. Actuellement chargé de recherche (CNRS) à l’Ircam, il est membre de l’Académie Charles Cros et du Conseil scientifique de la Fondazione Levi (Venise), secrétaire de la Fondation Salabert et de L’Instant donné, et trésorier de l’Association Jean Barraqué. Éditeur de nombreux écrits de compositeurs et auteur de livres sur Luigi Nono et sur Helmut Lachenmann, il a dirigé des ouvrages collectifs sur Bruno Maderna, sur Salvatore Sciarrino, sur l’opéra et le théâtre musical modernes et contemporains, sur les relations entre musique et politique, sur l’analyse musicale et, avec Nicolas Donin, sur les théories de la composition.

Comment venir

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