Un os transformé en flûte dénonce l’assassin : c’est dans ce conte des frères Grimm que Mahler a puisé le matériau de Das klagende Lied. En préambule, sous les doigts virtuoses de David Fray, le concerto de Mozart en ré mineur, tonalité dramatique de l’ouverture du Don Giovanni.

D’un côté, un Mozart tourmenté, avec l’un de ses concertos pour piano les plus ténébreux, le vingtième, composé dans la même tonalité que le Requiem. De l’autre, Mahler qui compose une cantate, Das klagende Lied (Le Chant plaintif), hantée par la mort. Dans les deux cas, Mozart et Mahler usent de leur génie pour exprimer l’ineffable. Mozart est au sommet de son art et fait dialoguer éperdument son piano avec les couleurs sombres de l’orchestre. Mahler n’a que vingt ans et éblouit déjà par la parfaite alliance de la voix avec l’orchestre, il annonce ses grandes symphonies et ses Kindertotenlieder. Un concert élégiaque et hiératique.