Étienne Daho revient sur sa rencontre avec la musique du Velvet Underground, si importante pour lui à la fin de son adolescence, alors qu’il décide de se consacrer à la musique.
Vous avez découvert le Velvet Underground très tôt dans votre parcours. Le groupe original n'existait déjà plus à ce moment, mais sa renommée était en train de se construire a posteriori. Quel a été votre sentiment à ce moment ? Pourquoi, comment avez-vous été attiré par cette musique ?
Étienne Daho : J’ai découvert le Velvet Underground lorsque j’avais 16 ans. Il y avait cette compilation qui circulait dans mon petit groupe d’amis. Celle avec la bouteille de Coca en couverture. Il était très difficile de se procurer les albums originaux tant ils étaient rares et chers. J’ai été littéralement ensorcelé par le climat de mystère et de soufre, les textes, la voix de Nico... Cette musique s’adressait à l’adolescent que j’étais et a transformé à jamais mon rapport à la musique. Je n’avais jamais entendu une musique avec une telle violence et une telle mélancolie auparavant. Il y avait également tellement peu d’images ou de films visibles que cela alimentait mon imagination de manière obsessionnelle.
Le Velvet a-t-il marqué vos débuts musicaux et votre positionnement artistique au début des années 1980 ?
ED : J’étais tellement imprégné par leur musique que j’aurais pu la reproduire inconsciemment et faire une mauvaise copie en français. C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles je me suis volontairement éloigné de cette influence et que dans mes premiers albums, je me suis davantage nourri de ma culture pop française.
Avez-vous eu l’occasion de croiser Lou Reed ou John Cale ?
ED : Oui plusieurs fois, mais de loin. À New York, à Jouy-en-Josas, lors de leur reformation à Paris. J’ai mieux connu Nico et son fils Ari, par l’intermédiaire du photographe Antoine Giacomoni. À l’occasion d’une des visites que Nico m’a faite en studio, j’enregistrais « Soleil de minuit », une chanson dédiée à Ari. Ce fut un moment fort pour tous les trois.