La soprano Barbara Hannigan est passionnée par la vocalité du XXe siècle. Après avoir impressionné dans Lulu d’Alban Berg, elle concrétise un projet longuement mûri : diriger The Rake’s Progress d’Igor Stravinski.

The Rake’s Progress (« la carrière du libertin ») est un des opéras les plus importants de la deuxième partie du XXe siècle. Il est né de la découverte, par Stravinski, des œuvres picturales de William Hogarth, et de sa série The Rake’s Progress, une série de tableaux moralistes montrant la déchéance d’un libertin dans l’Angleterre du XVIIIe siècle. L’opéra, créé en 1951, a ceci d’original qu’il puise dans certains codes lyriques des siècles passés ; Stravinski avait ainsi demandé, lors de l’écriture, à ce qu’on lui fasse parvenir les partitions de trois opéras de Mozart. Son écriture est clairement néoclassique et requiert l’utilisation du clavecin. D’autres références aux maîtres italiens de l’opéra se sont également glissées. Accusé de régression culturelle, Stravinski tord et détourne pourtant ces emprunts au passé pour créer un ouvrage parfaitement ancré dans son siècle.