Programmé en fin de journée, ce collège, en alternance avec « Regards croisés », offre aux mélomanes un rendez-vous régulier le jeudi en ouverture de soirée. Consacrés à des portraits de compositeurs et de compositrices des XXe et XXIe siècles, il permet d’approcher aussi bien l’homme que le(a) créateur(trice) et son œuvre, grâce à l’analyse critique d’un spécialiste.

De Saint-Pétersbourg à Los Angeles, en passant par Paris et la Suisse, l’itinéraire de Stravinsky est celui d’un perpétuel exilé ayant quitté la Russie en 1910 pour s’installer finalement aux Etats-Unis en 1939. Son parcours musical a été traditionnellement divisé en trois périodes : russe (celle du Sacre), néo-classique (celle de Pulcinella jusqu’au Rake’s Progress) et sérielle (avec notamment Canticum sacrum et Requiem canticles). Les frontières en sont bien plus poreuses qu’il n’y paraît et ce Picasso de la musique se joue des tiroirs et des étiquettes. En musicien omnivore, il s’attaque à tous les genres : mélodie, oratorio, opéra, musique de chambre, ballet, musique symphonique… Quels seraient donc les invariants de son style, ses caractéristiques qui font qu’en quelques secondes, on reconnaît Stravinsky sans hésitation ? Ce sera l’objet de cette exploration d’un artiste en perpétuel mouvement, à travers ses œuvres, mais aussi ses écrits et les quelques témoignages vidéos que nous conservons de lui.

Lucie KAYAS est professeur de culture musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Spécialiste de la musique française du XXe siècle, elle a notamment travaillé sur Roussel, Jolivet, Messiaen et Poulenc. Elle a publié chez Fayard une biographie d’André Jolivet (2005) ainsi que la traduction française de la biographie de Messiaen de Peter Hill et Nigel Simeone (2008). Récemment, elle a édité avec Hervé Lacombe le collectif Du langage au style, singularités de Francis Poulenc (SFM, 2016) et prépare la publication du Catalogue raisonné de l’œuvre de Jolivet.