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Coqs d’or et autres suprêmes de volailles musicales

Publié le 27 décembre 2016 — par Laurent Vilarem

— Volaille - © DR

Les scandales à répétition de l’industrie agro-alimentaire vous ont rendu végétarien(ne) ? Votre détermination est telle que vous avez renoncé cette année à la sacro-sainte dinde de Noël ? Pas de panique, la Philharmonie vous propose une sélection de volailles en musique, à découper sans couteau électrique et garantie 100 % neutre pour l’environnement.

Un coq Poulenc doux-amer

Prenez un bon gros coq, crête au vent, séducteur de basse-cour. Ajoutez-y une poule et un autre coq bien décidé à conquérir la cocotte. Faites rissoler une fable de La Fontaine avec une musique satirique de Poulenc et vous obtenez un coq truculent au goût doux-amer (à 13’54 de la vidéo).

La poule de « papa » Haydn

Pourquoi diable cette Symphonie n° 83 de Haydn s’appelle-t-elle « La Poule » ? Écoutez cet extrait à partir de 1´15 : après une entrée majestueuse, le second thème du premier mouvement intervient au hautbois sur fond d’appoggiatures des premiers violons. On pourrait presque voir les mouvements saccadés de la volaille ! À noter que Rameau utilisa également des notes répétées pour sa propre Poule tirée de ses Nouvelles Suites de pièces pour clavecin. Le compositeur dijonnais fit même inscrire « co co co co dai » sur la partition de 1729. La preuve d’un amour immodéré pour l’animal en somme.

Les canards, volailles redoutées des musiciens

Les gallinacées sont certainement les volailles les plus courantes de la musique. Individuelles ou collectives, elles sont la hantise des interprètes. À l’orchestre, des « canards » – des fausses notes si « hénaurmes » qu’on n’a plus qu’une envie, se tasser sur son siège et attendre que ça passe – s’échappent régulièrement des pupitres de cuivres. Et parfois, des caméras traînent… L’effet de surprise passé, il ne reste qu’une solution : en rire ! Dans cette compilation, on trouve des tourneurs de pages étourdis, un hymne national russe massacré et un début quasi surréel : Karl Böhm dirige le Philharmonique de Vienne en 1980. Tout se passe bien… jusqu’à l’entrée des cors. La réaction sur le visage du chef allemand est inoubliable !

Sous la coquille, la vie : les Tableaux d’une exposition de Moussorgski

Il y a bien sûr les œufs Rossini (des œufs pochés qu’on garnit de… foie gras). Mais les végétaliens le savent bien : sous la coquille frémit la vie, et en l’occurrence des petits poussins à l’adorable duvet jaune. Mis en musique dans les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, ils sont animés d’une agitation à vous faire fondre de tendresse. On entend ici le morceau dans l’orchestration de Ravel.

Un faisan Binchois XVe siècle

C’était l’animal vedette des fêtes au Moyen Âge. Mais son goût musqué effraie aujourd’hui les estomacs fragiles. Qu’à cela ne tienne, il suffit d’écouter cette pièce de Gilles Binchois composée pour le « Banquet du faisan » qui se tint à Lille le 17 février 1454, et c’est toute l’atmosphère d’un banquet médiéval qui ressuscite : immenses tables, vaisselles somptueuses, intermèdes musicaux d’une des dernières manifestations de l’esprit de chevalerie.

Le « Duo des dindons » par Sim

Attention, collector ! Non, Sim n’a pas toujours été Agecanonix dans les films Astérix : les plus anciens se souviennent sans doute qu’il fut également un chansonnier volontiers porté sur le travestissement. Le comédien interprète ici le célèbre « Duo des dindons » de l’opérette d’Audran La Mascotte grâce à une subtile astuce qu’on vous laisse découvrir. De Bettina, la gardienne de dindons, ou de l’animal en lui-même, on ne sait plus finalement qui est la plus volaille !

Les pigeons, de Messager à Messiaen

Malgré leur mauvaise réputation, les pigeons ont inspiré maints compositeurs classiques, d’André Messager, qui écrivit le ballet Les Deux Pigeons en 1886, à Olivier Messiaen, qui n’oublie pas de rendre hommage au pigeon dans le grand prêche aux oiseaux de Saint François d’Assise. Mais la plus belle déclaration d’amour aux compagnons de nos places est bien la mélodie d’Arthur Bliss (1891-1975). Tout en roucoulades de flûte et en poésie lyrique, cette pastorale nous ferait presque considérer le pigeon d’un œil nouveau !

L’Oiseau de feu: la volaille suprême ?

La tradition russe apprécie les volailles aux pouvoirs magiques. Ainsi du Coq d’or de Rimski-Korsakov, inspiré d’un conte de Pouchkine, perché sur un clocher pour prévenir des invasions étrangères. Mais de tous les volatiles, l’Oiseau de feu ne serait-il pas le meilleur des mets de fête ? La volaille suprême en somme ? Mi-phénix-mi-cygne, l’Oiseau de feu a tous les pouvoirs – transformer en pierre les ennemis, irradier le ciel d’or et de flammes – et la musique de Stravinski n’est pas le dernier des enchantements. À défaut d’un régal pour les papilles, un véritable délice pour les oreilles.

On n’a pas encore eu le temps de parler des poules de Janáček, du canard de Prokofiev ou de l’alouette de Vaughan Williams… En attendant, toute l’équipe de Philharmonie vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année, riches en protéines animales ou musicales !