Program
Distribution
With DRAGA Lucie Antunes, P.R2B, Théodora Delilez and Narumi Herisson produce an electro-rock musical adaptation of Monique Wittig’s Guérillères, a powerful text brought to life by the voice of Anna Mouglalis.
Opening act: Dame Area
With its punk spin on electronic music, Dame Area offers hypnotic and energetic performances.
Timetable
- 7.30pm: doors
- 8pm: Dame Area
- 8.45pm: intermission
- 9.05: Draga
Media
[Lucie Antunes : Et du coup…]
[P.R2B : Excusez-moi. Il faut que je me concentre.]
[Lucie Antunes : Excuse-nous.]
[Anna Mouglalis : Draga est né d’enthousiasme et d’urgence.
Le nom du groupe Draga est issu… Dans le texte de Monique Wittig, il y a ce collectif de guerrières. Donc c’est un mot inventé par Wittig qui rassemble la guérilla et la guerrière, la « guérillère ». Et il y a des noms qui viennent, toutes les quatre pages, des listes de noms, enfin, de prénoms féminins, qui viennent ponctuer le texte. Mais c’est pas ponctuer le texte, c’est en fait composer ce groupe victorieux qui va mettre fin à la société dans sa violence patriarcale, mettre fin à la domination. Et donc parmi tous ces prénoms, celui-ci, on se l’est proposé pour le groupe.]
[Théodora : Ça veut dire « ma chère ».]
[Anna Mouglalis : C’est ça, ça veut dire « ma chère » ou « chérie » ou « darling ». Mais bon, ça vient plus de Serbie, mais ça existe aussi en Bulgarie, en Roumanie. Mais bon, pour moi, ça évoque les drags, la drague, les dragons… Plein de choses !]
[Lucie Antunes : Il y a quelque chose de très musical dans ce titre. On hésitait au début, mais il revenait tout le temps. C’est presque ce nom qui est venu à nous, d’une certaine manière. Parce qu’au début, on se le répétait tout le temps. Et en fait, quand on était en studio, on a improvisé. Et celui-ci, on l’a répété, répété encore. Il y avait quelque chose de très rythmique dans Draga qui nous plaisait beaucoup. Je crois qu’on ne se l’est jamais dit, mais il y a un truc très musical.]
[P.R2B : On s’est rencontrées à des occasions différentes. Lucie, Anna et moi, on s’est rencontrées à la Création, au Printemps de Bourges sur Brigitte Fontaine. Et c’était Lucie qui faisait toute la direction musicale. Nous trois, on s’est rencontrées comme ça. Lucie, je crois que Théo et Lucie... Théo, vous jouiez ensemble dans l’album Sergeï, c’est ça ? Et Narumi, vous vous connaissiez depuis longtemps. Et Narumi est une musicienne qui a joué avec tellement d’artistes. Je l’avais vue avec Jeanne Added, etc. Mais personne n’avait jamais joué encore avec Narumi, je crois. C’était la première fois où... Voilà, donc...]
[Anna Mouglalis : C’est une chance !]
[P.R2B : On s’est toutes rencontrées à des occasions différentes. Mais c’est vrai qu’en tout cas, l’origine de Draga et de Ô Guérillères, ça s’est fait au moment de la Nuit chamanique organisée par Lucie.]
[Lucie Antunes : J’ai fait une soirée. Et j’ai invité Pauline et Anna. Et Anna, c’était une carte blanche. On devait improviser pendant cinq heures avec plein de musiciens, musiciennes, absolument géniaux. Et Anna est montée sur scène et a interprété ce texte de Monique Wittig. J’avais compris qu’elle allait interpréter ça. Mais je n’avais pas compris l’impact que ce serait. Et là, il s’est passé quelque chose de très fort, de très beau à ce moment-là, qui a été le climax de la soirée. Et à l’issue de cette performance, on s’est dit qu’on allait faire un album. On a eu envie de le faire vite. Et j’ai appelé Pauline pour co-composer avec moi. Et là, ça a été une évidence.
Ça a été très, très beau. Tout a été une évidence. Et ensuite, on a très vite pensé à Théodora et Narumi pour pouvoir arranger ces morceaux et venir proposer aussi leur créativité. Et c’est là qu’est né vraiment le collectif.
[Théodora : Je connaissais Les Guérillères de nom. J’avais lu La Pensée Straight. Mais je suis rentrée dans Monique Wittig… grâce à Anna, grâce à Lucie, grâce à Pauline. Et vraiment, ça a été un vrai choc. Ce que j’ai trouvé dingue, c’est de rentrer dans un texte par ce biais-là. C’est-à-dire de manière physique. Et c’est ça qui a fait toute la différence pour moi.]
[Lucie Antunes : Avec Pauline, on a beaucoup parlé d’un groupe qu’on aime beaucoup, The Organ. Un groupe de femmes lesbiennes canadien qui n’a duré que le temps d’un album, mais qui a été important en tout cas dans notre communauté. Et du coup, c’est vrai que ça a été une source d’inspiration. Et pour celles qui connaissent The Organ, en écoutant l’album, elles vont capter l’inspiration. Et après, il y a eu Peaches, beaucoup, qui était avec nous.]
[P.R2B : Oui, énormément.]
[Lucie Antunes : Un peu de PJ Harvey aussi.]
[PR2B : Il y avait Laurie Anderson, pour la musique électronique, des chœurs, enfin…
Et puis Peaches, dans ce côté « la rage », PJ Harvey, c’est vrai… Steve Reich à un moment… The Organ, c’était un peu comme le cœur du collectif.]
[P.R2B : C’est un studio qui s’appelle La Frette. On était hyper contentes d’enregistrer là-bas. C’est une maison hors de Paris où du coup, on s’est mises toutes les cinq... On a joué, je sais pas, 14 heures par jour. On a enregistré en 4 jours, je crois. Le disque, on l’a enregistré en 4 jours. Et l’idée, c’était vraiment de faire que des prises live. Et donc le disque, c’est vraiment des enregistrements live de tous les morceaux. Ce qui fait qu’on a pris le temps de faire vraiment une installation fixe. Et ensuite, on était derrière les instruments. Et on jouait, et on jouait… Ce qui fait que ça a été… Ça a été quelque chose de très intense d’enregistrer ce disque.
Il y a quand même plein de manières d’enregistrer des albums, et là, il y avait quelque chose de très performatif, ce que d’ailleurs, on avait mis comme genèse de cet album, parce qu’on savait que forcément, il y aurait une incarnation live, qu’on ferait des concerts, qu’on porterait cette parole, mais on voulait qu’il y ait cette énergie dans le disque.]
[Lucie Antunes : On ne peut pas évoquer ce studio sans évoquer les personnes qui nous y ont menées. C’est le label qui sort l’album, Crybaby. Il a proposé ce studio de La Frette, qui a été un studio important pour nous, parce que c’est un très beau studio. Quand on leur a parlé de ce projet, ils ont mis en place la possibilité qu’on aille là-bas, dans ce studio prestigieux. Et d’ailleurs, c’est un studio qui à mon avis, n’a pas dû accueillir un groupe de femmes, jamais en tout cas, parce que je sais que quand on est rentrées là, on a eu vraiment beaucoup d’émotions. L’une d’entre nous, Narumi, qui n’est pas là, a été très émue, parce que nous, artistes femmes, lesbiennes pour certaines d’entre nous, on n’avait pas envisagé à un moment de mériter ça. Ce qui n’est absolument pas normal. Tout le monde ne pensait pas ça, mais j’ai senti dans cette émotion, pour certaines, que c’était genre, un privilège de malade, et en fait, ce qui était intéressant, c’est que quand on a travaillé, les gens de La Frette, qui en ont vu passer des artistes, hallucinaient, déjà un, de la qualité musicale, et deux, de notre envie de travailler et de faire en sorte que l’album soit magnifique. Et du coup, tout le monde s’y est mis.]
[Théodora : Là, on s’est préparées, on est chaudes, on est prêtes, quoi. Et on a vraiment hyper envie d’être face à des gens, de partager ça, parce que c’est vraiment un partage entre nous, mais un partage qui se communique à tous. Et je pense qu’on a toutes hyper hâte.]
[Anna Mouglalis : Il y a une phrase dans le texte de Monique Wittig qui s’adresse donc aux guérillères, donc à nous toutes, ici, là-bas, partout ! Et qui dit : « Vous qui êtes invincibles, soyez invincibles. » C’est un texte radical, qui met en joie, qui permet de rassembler ses forces, son énergie. C’est, pour moi, la beauté, la puissance de l’énergie poétique, de la transgression, de l’énergie politique aussi. Et tout ça dans un grand chant. Donc voilà, pour moi, c’est ça, cet album Ô Guérillères. Et les concerts qu’on va proposer, c’est un rendez-vous. Et effectivement, ça n’a de sens qu’en rencontrant le public.
[Lucie Antunes : Monique Wittig est vraiment là, à ce moment-là. Il y a un truc qui passe dans le public, qui est vraiment fort. Et à la fin, les gens nous remercient d’avoir pu transmettre ce message.
Au final, nous sommes des messagères.]
[Anna Mouglalis : C’est ça. Non mais c’est vrai. On est allées chercher ce texte écrit par Monique Wittig en 1969. Il n’a rien perdu de sa force, de sa radicalité, de son côté incantatoire, de sa nécessité, en fait.]
[Anna Mouglalis : Déjà, j’ai découvert qu’on avait une première partie. Parce que moi, je suis la novice ! Je n’ai jamais fait ça. Et quand j’ai vu qu’il y avait Dame Area en première partie, je me suis dit, c’est quoi cette histoire ?]
[Lucie Antunes : C’est vraiment fantastique. C’est une prise de risque. C’est assez expérimental. C’est absolument génial. On est très heureux et heureuses qu’ils soient là.]
[Théodora : Naomi, qui n’est pas là, est extrêmement fan.]

Salle des concerts - Cité de la musique
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