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Les labels qui ont fait le disco

Publié le 14 February 2025 — par Patrick Thévenin

— Musique - Keep on Jumpin’ (1978) - © Prelude Records

Nourries de funk, de soul, de gospel ou encore de percussions latines ou africaines, les productions pour la musique de discothèque inondent le marché du disque dans les années 1970. Si toutes les majors surfent sur la vague disco pour en exploiter le riche filon (quitte à lasser son public…), quelques labels indépendants ont marqué l’histoire du genre musical par la qualité de leurs sorties. Visite guidée des meilleurs dealers de tubes à danser.

Philadelphia International Records

C’est avec ce label basé à Philadelphie, créé par les producteurs émérites Gamble & Huff et originellement destiné à devenir le rival de la Motown, que le son disco – que l’on n’appelle pas encore de ce nom – va naître. Renforcé par l’orchestre phénoménal MFSB, PIR va produire de nombreux classiques des débuts du disco, luxuriants de cordes et de cuivres, tout en inventant le rythme disco classique du 4/4.

— MFSB – Love Is The Message (Philadelphia International Records)

Salsoul

Fondé par les trois frères Cayre, qui ont flairé avant tout le monde le filon disco, Salsoul (contraction de soul et salsa) est certainement l’un des labels de disco les plus réputés avec des hits par centaine. La bonne idée de Salsoul est d’avoir débauché des musiciens des studios Sigma à Philadelphie et d’avoir créé son propre orchestre, le Salsoul Orchestra, dirigé par le prodige Vincent Montana Jr. Très tôt, le label a eu l’intelligence d’appeler des DJ pour les faire travailler sur la musique qu’il produisait, comme il a été le premier à sortir des remixes. Mais aussi, il a révélé l’immense diva disco Loleatta Holloway qui sera samplée et resamplée par la house music.

— Loleatta Holloway – Love Sensation (1980, Salsoul)

T.K. Disco

Le label TK Records, créé en 1972, témoigne de l’influence de Miami et de son héritage musical latino-américain sur le disco, tout en proposant aux artistes qui viennent enregistrer dans ses studios un environnement plus balnéaire et décontracté. Grâce aux hits de KC & The Sunshine Band, groupe phare du label, et du succès du format 12 inch, va naître la division T.K. Disco, premier label 100 % disco, dédié aux clubs et aux DJ. Grâce aux groupes et artistes comme T-Connection ou Tamiko Jones, T.K. Disco distille un son commercial, mélange de soul, de funk et d’influences caribéennes, qui influencera le boogie, successeur du disco dans les années 1980.

— Gregg Diamond – Danger (T.K. Disco)

Casablanca

Fondé en 1973 à Los Angeles par le fantasque et fêtard Neil Bogart, Casablanca (dont le nom est inspiré du célèbre film) est le label disco par excellence. Fort de hits mondiaux, de Donna Summer à Village People, en passant par The Ritchie Family et Sheila & B. Devotion, le label est aussi entré dans l’histoire pour le lifestyle décadent de Bogart et de ses équipes, leur consommation excessive de cocaïne et l’extravagance des fêtes promotionnelles organisées par le label, emblématiques de l’époque.

— Donna Summer – I Feel Love (Casablanca, 1977)

Prelude

Entre 1977 et 1985, le label new-yorkais, où officient des producteurs et remixeurs de talent comme Patrick Adams, François Kevorkian, Larry Levan ou Shep Pettibone, enchaîne les hits de renom, dont « In the Bush » de Musique, « Disco Circus » des Français Martin Circus ou « Beat the Street » de Sharon Redd. Label de producteurs par excellence, avec des groupes et des artistes comme Musique ou France Joli, montés de toutes pièces, Prelude sera peu touché par le déclin du disco, en développant un son plus proto-house, electro-funk et garage dans les années 1980. Mais, dépassé par l’arrivée de nouvelles techniques de production, plus électroniques, qui remplacent les sessions à plusieurs musiciens, Prelude ferme ses portes en 1985 faute de nouveaux talents, tout en restant une référence.

— France Joli – Gonna Get Over You (Prelude Records)

Megatone

Cofondé en 1981 par le producteur Patrick Cowley, Megatone est, avec Moby Dick, le label phare du « Sanfrandisco sound ». Cette évolution du disco, plus synthétique et métronomique, s’impose à la fin des années 1970 comme la bande-son des clubs gays de San Francisco et d’ailleurs, avec les succès de Sylvester, Patrick Cowley ou Paul Parker. Force vive du label, Patrick Cowley meurt des suites du sida en 1982. Une disparition fatale pour le label, qui poursuit ses activités au cours des années suivantes, sans jamais retrouver l’énergie de ses débuts.

— Patrick Cowley – If You Feel It (Megatone, 1981)

West End

Avec des classiques haut de gamme, comme « Heartbeat » de Taana Gardner, « Hot Shot » de Karen Young, « Is It All Over My Face » de Loose Joints, ou « Don’t Make Me Wait » des Peech Boys, le label créé en 1976 par Mel Cheren et Ed Kushins est intimement lié au Paradise Garage, où officie le DJ Larry Levan (c’est d’ailleurs Cheren qui, avec son compagnon Michael Brody, finance l’ouverture du Garage en 1978). Caractérisé par son rythme plus lent, ses mélodies soyeuses et la qualité de sa production, le label pose les bases du garage, une division plus vocale et orchestrée de la house music.

— Taana Gardner – Heartbeat (West End, 1981)

Catalogue de l’exposition :

Disco, I’m coming out, sous la direction de Patrick Thévenin, Paris, Éditions de la Philharmonie/Éditions de La Martinière, 2025.

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La Philharmonie de Paris met à l’honneur le disco, révolution culturelle qui a bouleversé la société et fait trembler les dancefloors du monde entier.

Patrick Thévenin

Journaliste, professeur et conférencier, Patrick Thévenin écrit sur la culture, qu’il s’agisse de musique, d’art contemporain, de mode ou de tendances sociétales. Il est conseiller scientifique de l’exposition « Disco, I’m Coming Out » (2025) à la Philharmonie de Paris.

Article extrait du catalogue de l’exposition Disco, I’m coming out, Éditions de la Philharmonie/Éditions de La Martinière, 2025.