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Les clés du classique #51 — Les Quatre Saisons de Vivaldi

Publié le 08 January 2025 — par Charlotte Landru-Chandès

En 1725, la Gazette d’Amsterdam annonce la publication d’une nouvelle œuvre d'Antonio Vivaldi, alors âgé de 47 ans. Il s’agit de son huitième opus, un recueil de douze concertos pour violon intitulé « La confrontation entre l’harmonie et l’invention ». Parmi eux, les fameuses Quatre Saisons.

La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits des Quatre Saisons sont interprétés par Les Dissonances avec David Grimal au violon. 

Concert enregistré à la Cité de la musique le 18 mai 2010.

Retrouvez le concert sur Philharmonie à la demande.


Marchant dans les pas des compositeurs italiens Arcangelo Corelli et Giuseppe Torelli, Vivaldi s’intéresse de près au genre du concerto. Apparu au XVIIe siècle, le concerto est une œuvre musicale opposant un ou plusieurs instruments solistes à un orchestre. Le mot vient de l’italien concertare, autrement dit « rivaliser ».

À l’époque, c’est le genre du concerto grosso qui domine, dialogue entre un ensemble de solistes et l’orchestre. Vivaldi va développer le concerto pour un seul instrument soliste, et en favoriser l’essor.

C’est aussi lui qui popularise le concerto en trois mouvements (vif-lent-vif), généralise le recours à la forme ritournelle et introduit la fameuse cadenza, un intermède de caractère rhapsodique où l’orchestre laisse la parole au soliste et lui permet de briller.

Vivaldi est violoniste et connaît bien son instrument. Il est d’ailleurs l’un des plus grands virtuoses de son temps. Pas étonnant qu’il mette régulièrement le violon à l’honneur dans ses concertos !

Dans Les Quatre Saisons, le compositeur accompagne sa musique de sonnets italiens anonymes – peut-être écrits de sa plume – décrivant le déroulement des saisons, dans l’ordre, le printemps, l’été, l’automne et l’hiver.

Sur la partition, Vivaldi note des commentaires, précisant ce que la musique doit illustrer (des noms d’oiseaux, des aboiements de chien, des appels de cors, des pas sur la glace…). Le compositeur joue sur les timbres ou les modes de jeu. Il écrit par exemple des gammes ascendantes et descendantes rapides aux violons pour signifier l’orage.

Dans les mouvements rapides, les ritournelles orchestrales dépeignent des paysages, des ambiances, tandis que les passages solistes sont plus descriptifs. Les mouvements lents, eux, correspondent à des temps de repos.

Il est fort probable que Vivaldi ait commencé à travailler sur ces concertos à partir de 1719, pour le comte Wenzel von Morzin, le dédicataire. À cette époque, Vivaldi est très occupé par ses opéras. À Mantoue, il fait notamment représenter Armide, Teuzzone, Tito Manlio… C’est un genre musical pour lequel il est très demandé.

Chacun des concertos exprime musicalement une saison et se découpe en trois mouvements. C’est Le Printemps qui ouvre Les Quatre Saisons. Vivaldi choisit la tonalité de mi majeur, solaire et chatoyante. Tout n’y est que tendresse, joie et douceur, les oiseaux chantent, les fontaines murmurent, la nature s’éveille, les nymphes dansent avec les bergers.

Vient ensuite L’Été, dans la tonalité plus tourmentée de sol mineur. La chaleur accable l’homme et ses troupeaux, bientôt l’orage furieux tonne et frappe la terre de flots de grêle.

Pour L’Automne, Vivaldi choisit la tonalité de fa majeur, qui nous emmène aux vendanges. On danse, on chante, on s’enivre, avant de partir à la chasse à l’aube, où retentissent les aboiements des chiens.

Enfin, le cycle des Quatre Saisons se referme avec L’Hiver. La tonalité mélancolique de fa mineur illustre la rudesse du climat, pluie et gel se succèdent.

Lors de leur création, Les Quatre Saisons connaissent déjà un grand succès avant de sombrer dans l’oubli au XIXe siècle, comme la plupart des œuvres baroques, pour être finalement redécouvertes dans les années 1920. L’enthousiasme du public est, depuis, toujours bien présent. 


 

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris