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Les Clés du classique #53 — La Symphonie n° 3 « Rhénane » de Schumann

Publié le 13 février 2025 — par Charlotte Landru-Chandès

Créée à Düsseldorf en 1851, la Symphonie « Rhénane », la troisième de Schumann, se découpe en cinq mouvements, comme la Symphonie « Pastorale » de Beethoven. C’est une œuvre enthousiaste et chaleureuse.

La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits de la Symphonie no 3 sont interprétés par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle. Concert enregistré à la Salle Pleyel le 26 février 2013.

Retrouvez le concert sur Philharmonie à la demande.


À la fin des années 1840, Robert Schumann est en proie à des phases de dépression assez intenses, accompagnées de crises d’angoisse et de phobies. Les dernières années ont été difficiles : le couple Schumann a perdu l’un de ses fils, ainsi que leur ami Felix Mendelssohn, en 1847.

À l’automne 1850, la famille Schumann décide de déménager. Au revoir Dresde, bonjour Düsseldorf ! Robert est nommé directeur de la musique de la ville, remplaçant son ami Ferdinand Hiller. 

Cette nouvelle vie lui est bénéfique : il prend plaisir à se promener au bord du Rhin, fleuve qu’il chérit depuis son adolescence. « Le fleuve s'étalait devant moi, calme, silencieux, serein et fier comme un dieu antique, écrit Schumann à sa mère quand il découvre le fleuve à dix-huit ans. J’ai serré les paupières pour pouvoir savourer de toute mon âme, avec recueillement, la première apparition du vieux, du majestueux père Rhin. Quand je les rouvris, il était là, calme, paisible, grave et fier comme un vieux dieu germanique, et avec lui tout le merveilleux pays du Rhin en fleur, ses monts, ses vallées et ses paradis environnants ». 

À Düsseldorf, les Schumann sont reçus comme des princes… de vraies célébrités ! Cette bienveillance apaise Robert pour un temps. 

Dans ce cadre de vie propice à la création, Schumann compose sa Symphonie « Rhénane » en seulement quelques semaines, ainsi que son Concerto pour violoncelle, de nombreux lieder, des pièces de musique de chambre ou encore les Phantasiestücke op. 111 pour piano seul, le tout avec frénésie.

Dans un premier temps, Schumann prévoit de donner un sous-titre à sa symphonie : « Épisode d’une vie sur les bords du Rhin ». Il y reviendra, déclarant qu’il vaut mieux que l’impression générale se dégage d’elle-même. 

Schumann avait également prévu des titres pour certains mouvements, par exemple « Matinée sur le Rhin » pour le Scherzo, indication qu’il supprime par la suite. Le titre Symphonie « Rhénane » s’imposera plus tard.

Schumann est loin d’être le seul compositeur germanique inspiré par le Rhin… Brahms, Mahler, Wagner, Liszt ou encore Offenbach lui rendent également hommage à travers lieder et opéras. Les musiciens s’intéressent aussi à la figure de la Lorelei, une nymphe aux longs cheveux d’or qui, selon la légende, du haut d’un rocher surplombant le Rhin, ensorcelle les bateliers par son chant et les précipite vers une mort certaine.

La Symphonie « Rhénane », la troisième de Schumann, se découpe en cinq mouvements, comme la Symphonie « Pastorale » de Beethoven. C’est une œuvre enthousiaste et chaleureuse, dans la tonalité majestueuse de mi bémol majeur.

Le premier mouvement, affirmé et entraînant, nous plonge dans le paysage de la Basse-Rhénanie. Le deuxième mouvement, plus léger, avec une orchestration réduite, ressemble à une suite de variations autour d’un thème populaire de type ländler. L’omniprésence des bois installe un climat pastoral. Le  troisième mouvement se veut lui aussi doux et léger.

Le quatrième mouvement, très bref, est noté Feierlich, autrement dit solennel, et évoquerait une cérémonie dans la cathédrale de Cologne. Son ouverture sur un choral de cuivres aux trombones et aux cors, aux sombres accents de mi bémol mineur, pourrait laisser penser à une cérémonie funèbre. La lumière revient dans le finale, mouvement haletant et énergique. 

La création de la Symphonie a lieu le 6 février 1851 à Düsseldorf, sous la direction du compositeur. C’est un triomphe. Malheureusement, Schumann n’est pas débarrassé de ses démons… Il peine bientôt à assumer ses fonctions de chef : il s’exprime difficilement et sa direction est imprécise. L’entente avec les musiciens se dégrade. 

À nouveau assailli par ses angoisses, le 27 février 1854, Schumann tente de se suicider en se jetant dans ce Rhin qu’il aimait tant. Il est ensuite interné à sa demande à Endenich, près de Bonn, où il passera ses deux dernières années.

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • © Cité de la musique – Philharmonie de Paris