Artiste sonore et visuel mondialement reconnu, Ryoji Ikeda mêle performances, installations vidéo et musiques électroniques dans une démarche synesthésique, les plans du son et de l’image fonctionnant dans un parfait assemblage. Inspiré par le glitch, qui fait un usage délibéré de « défauts » sonores ou visuels résultant du dysfonctionnement de dispositifs électroniques ou de l’utilisation détournée des technologies numériques, Ikeda s’aventure avec une précision chirurgicale au bout des possibilités offertes par la technologie.
S’appuyant sur des processus mathématiques d’une grande précision, il élabore des performances live et des installations où les phénomènes visuels, sonores et physiques s’entremêlent.
Le temps fort qui lui est consacré à la Philharmonie, en collaboration avec le Festival d’Automne, marque son retour à la Villette après la monumentale déclinaison en 2017 de son projet test pattern, qui traduisait et matérialisait le flux de données dans lequel nous sommes quotidiennement immergés.
Ce week-end s’ouvre sur un concert performance où Ikeda interprète en live son projet Ultratronics (2022) : combinant glitches, vagues de son, patterns répétitifs dans une attention obsessive aux détails, il crée un monde sonore qui vibre et évolue en temps réel, en tandem avec des projections visuelles abstraites et hypnotiques qui plonge le spectateur dans une « semi-transe ».
Ces dernières années, l’artiste intensifie également une recherche tournée vers les instruments acoustiques, traités selon les mêmes principes imperturbables. À partir de 2016, il compose pour les percussions, et notamment les membres de l’ensemble Eklekto : Body Music, pour deux percussionnistes, ou Metal Music, pour divers instruments. Il se tourne ensuite vers les cordes en collaboration avec l’Ensemble Modern.
La performance du samedi, Microcosms, donne à entendre ces œuvres de musique de chambre avec leurs créateurs, tandis que celle du dimanche – Macrocosms – se focalise sur des effectifs plus importants. Ainsi les dix percussionnistes de l’impressionnant dispositif des 100 Cymbals, les choristes du Chœur de chambre philharmonique estonien, qui ont créé fin 2024 tout un ensemble d’œuvres écrites spécialement pour eux (données ici en création française), ou encore… les nombreux tuyaux de l’orgue (qui sont soit ouverts, soit fermés, comme dans le système binaire numérique), avec une création mondiale.