Program
Distribution
Live-mixing footage of musicians and dances from all over France, seasoned travel documentarian Vincent Moon offers an immense-format film screening, accompanied by activists from France’s experimental (post-) traditional music scene.
Media
Vincent Moon présente le Printemps du bal, du 3 au 5 mai 2024 à la Cité de la musique.
C’est pas un gala, c’est des corps en danse. C’est pas forcément des danses de couple, des pas de danses traditionnelles qui nous intéressent. C’est cette énergie de faire communauté et tenter de faire cette communauté ici, à la Cité de la musique.
Vincent Moon, cinéaste nomade en recherche de musiques, de sacré. Ce qui m’intéresse, c’est de fluidifier des rapports artistiques entre différents domaines. Comment tu passes du cinéma à la musique et au corps ? Et comment un corps devient musical ? Comment une musique devient imagée, et vice-versa ? L’idée du Printemps du bal est née de... ma découverte de ces formes de rituels, en France. J’ai bourlingué à travers le monde pendant des années, à travers beaucoup de formes de musiques de cérémonies, de musiques sacrées. Et je me suis intéressé à comment une communauté fait sens à travers la danse et la musique. Il y a quelques années, j’ai découvert un documentaire incroyable qui s’appelle "Le Grand Bal", de Laetitia Carton.
Extrait du film : « Le nombre de mecs aujourd’hui qui me demandent que je les guide... C’était pas ça, avant. »
Je prends une telle claque, ça m’ouvre une porte sur quelque chose que j’avais toujours ignoré, en bon petit Parisien, qui sont ces musiques locales des territoires français. Et du coup, je me suis mis en tête de créer un projet qui s’est appelé "TERRITOIRES - collecte cinématographique des musiques de France", diffusé sur la Blogothèque, un projet avec Priscilla Telmon. Et on a documenté, pas les musiques de bal spécifiquement, mais les musiques traditionnelles réinventées, rejouées, réarrangées, retravaillées au cœur et au corps par une nouvelle génération de musiciens. À travers cela, j’ai découvert évidemment tout l’univers des musiques de bal. J’ai été extraordinairement surpris de découvrir la vivacité de cet univers-là, toutes ces connexions à travers toutes ces régions. Et j’ai commencé à explorer tout cela. Et en est venue l’idée, sous l’impulsion d’Alain Weber, ici, à la Cité de la musique, de proposer un week-end autour du bal, au cœur de Paris. C’est important de remettre les choses au même niveau et de se rendre compte que ces musiques ont quelque chose à nous dire sur nos manières de vivre ensemble.
Le week-end du Printemps du bal se composera d’éléments différents. Principalement deux grandes soirées : le dimanche, ce sera un très grand bal, qu’on orchestre notamment avec Laetitia Carton, la réalisatrice du film "Le Grand Bal".
Extrait du film : « Au Grand Bal, depuis 27 ans, on danse pendant sept jours et huit nuits. Toute la journée, on apprend des danses dans des ateliers, et le soir, c’est le bal. »
On invite énormément de groupes merveilleux : Ciac Boum, Fleuves et plein d’autres, et ça va être un bal, dans un format assez classique, sauf que je vais le ponctuer d’images que je monterai en direct.
Par contre, le samedi, le soir d’avant, on est sur un format beaucoup plus expérimental et chercheur, que j’appelle "le live cinéma". Là, ce seront des performances de montage en direct à partir de beaucoup d’éléments, d’enregistrements que j’ai faits dans le monde entier. Ce soir-là, on sera focalisés sur les enregistrements que j’ai faits à travers la France et tous ces enregistrements seront accompagnés par une vingtaine de musiciens. On va jouer ensemble une sorte de reconstruction d’une forme de rituel, appelons-le comme ça. Le samedi soir, je collabore avec Robin Decourcy, un ami chorégraphe exceptionnel qui travaille des formes de danses populaires et expérimentales à la fois. Il va proposer une pratique qu’il appelle "le bal contact", qui va délier les corps et permettre à chacun, tout au long de la soirée, de travailler une forme collective de danse, d’écoute. On aura un plateau de musiciens qui vont interagir avec mes images et aussi les sons de mes films, pour créer une sorte de son continu, une sorte de voyage, un fluide, un flot permanent. Et je pense que c’est dans cette idée-là qu’on n’est pas dans une présentation très séparée de chaque performance, mais beaucoup plus dans un échange permanent et une création qui va durer 4 à 5 heures, ce soir-là.
Il y a l’idée de la transmission, sur ce week-end-là. On a des ateliers de danse, on a des passeurs de danse, Anatole, Robin. Chacun, à sa façon, va amener les gens, le public, vous amener, j’espère, à expérimenter avec la danse, à aller plus loin, pas juste à apprendre des pas de danses traditionnelles, car des ateliers sont là pour ça, mais il y a aussi vraiment une volonté de délier les corps et de donner une facilité dans le rapport collectif et sonique de ce soir-là.
Pour agrémenter, je dirais, et surtout, pour le grand bal du dimanche, on a quatre ateliers de danse, Gascogne, Poitou, Bretagne, Massif Central, le samedi et le dimanche. C’est fondamental, pour s’intégrer à cet esprit collectif.
Sur le colloque, on a invité énormément de spécialistes, d’historiens, de personnages de la scène du bal trad, du bal folk. On a voulu présenter un grand plateau ouvert. Où en est-on avec nos danses ? Comment ces pratiques contemporaines se reposent-elles sur des savoirs ancestraux ? Où en est-on de l’évolution dans notre société au XXIᵉ siècle ? Qu’est-ce que ça signifie, danser ensemble, aujourd’hui ?
Pour finir, je dirais l’excitation que j’ai de pouvoir amener autant de gens merveilleux, qu’on nous a ouvert les portes de la Cité de la musique, pour ramener ce monde-là à l’intérieur de celui-là. Je pense qu’il y a quelque chose qui n’a jamais été fait avant. Il y a une joie profonde à ce qu’on expérimente ça et qu’on change les regards, et qu’on change les corps avec. Ça marche ensemble.
Il y a vraiment un truc de l'ordre de la magie de la danse quand on n’a jamais trop dansé avec d'autres gens. On découvre quelque chose qu'on ne connaît pas trop de nos capacités.
On a tout un début comme ça, où c’est d'abord vraiment la musique du corps et notre écoute du mouvement. Et là, on a des jeux d'échauffement
qui ne sont pas du contact impro. On a des jeux, on a une atmosphère, une ambiance et ensuite la musique nous accompagner puis elle va nous prendre. Elle va nous monter beaucoup plus en transe ou en jeux de transe.
Le bal contact, c'est une initiation ludique pour avoir des premières bases de contact improvisation. Je pense qu'il y a vraiment ça, expérimenter des rencontres au-delà du langage. Et en même temps, il y a une approche du respect, du consentement, ce dont on a besoin dans notre époque, c'est-à-dire recréer des systèmes d'empathie. Ça vient d'un truc très simple, c'est qu'à force de voir des fêtes qui sont un peu conditionnées et qui sont un peu toujours les mêmes, qui sont des formes de représentations où, on est souvent en train de danser comme des individualités, que ce soit dans des discothèques, des lieux de fête.
Le folk et le trad ont la chance de mélanger les corps, mais c'est assez codifié. Le contact improvisation a aussi ses codes. Je me suis dit qu'il y avait un moyen de transmettre cette technique de manière assez simple et assez facile, en jouant.
Et là, ce qu'on souhaite, c'est faire le passage d'un bal contact vers des séquences de film, puis de concert, tout en maintenant une mise en corps suffisamment ouverte qui permet aux gens de continuer à danser ou de chiller, ou d'aller boire un coup, de revenir ou d'aller voir le film ou d'écouter le concert, mais d'être dans un état de corps qui est beaucoup plus détendu et libéré et aussi beaucoup plus conscient.
Avec Vincent Moon, on a pensé surtout à un bal expérimental. Il y a ce désir de cette rencontre et de ce jeu. C'est un bal vraiment expérimental,
on l’essaie. Moi, je sais ce que c'est le bal contact, lui, il sait bien ce qu’est le Live cinéma. Qu'est-ce que cette rencontre-là qui va pouvoir se jouer et comment elle va opérer avec des musiciennes et des musiciens qui sont extrêmement talentueux aussi dans leur approche de l'hybridation des formes ?
Et le public va rentrer dans une aventure lente, progressive, où il a le temps de se déployer, il a le temps de comprendre et puis, il va être entouré et pris par tout un univers qui est le renouvellement du trad, du folk en danse, en musique et en images. Nous espérons que ça va se partager et que tout le monde va devenir acteurs et actrices de ce jeu. Autant les musiciens, autant les danseuses, les danseurs, le film, et qu'on va créer une grande partie ensemble et qu'à la fin, c'est vraiment une partition collective qui va se répandre et qui va aussi apprendre à redescendre et apprendre à terminer ensemble et à se clore.
Salle des concerts - Cité de la musique
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Porte de Pantin station
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Tram 3B