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Au Musée de la musique, Blick Bassy retrace l’histoire de la musique camerounaise

Publié le 15 May 2025 — par Maxime Guthfreund

— Blick Bassy présente sa carte blanche au Musée de la musique | Festival Days Off

Je suis Blick Bassy, artiste pluridisciplinaire d’origine camerounaise qui vit en France depuis une quinzaine d’années maintenant. Citoyen du monde actuel, nourri par l’Afrique et le Cameroun, je parcours le monde d’aujourd’hui. 
Il y a quelques mois, mon producteur, InFiné, qui travaille déjà avec la Philharmonie de Paris, m’a demandé de venir à la rencontre des équipes. 
La démarche qui est au centre de tout ce que j’essaie de développer, c’est d’imaginer la reconnexion de l’Afrique à partir d’une démarche contemporaine pour ramener vers les traditions, vers la substance première. Depuis deux ans, je suis coprésident de la commission sur la guerre de colonisation au Cameroun. J’avais proposé au musée, dans ce cadre-là, de voir si on pouvait faire quelque chose à travers une saison que j’avais appelée « Les funérailles de la mémoire ». Et l’idée a plu à la Philharmonie. Il y a eu une carte blanche pour faire venir la musique et des artistes camerounais, pour essayer, selon la disposition du musée, de retracer un voyage qui partirait de la musique au Cameroun dans les années 1900 et qui évoluerait jusqu’à nos jours. 
Nous allons commencer par une création originale qui met en valeur des sonorités traditionnelles avec des instruments comme le mvet, des instruments typiques camerounais, et ensuite évoluer, à travers d’autres instruments comme le balafon. Ils sont portés notamment par Louis Essem et Armando Bill et avant, Emilio Bissaya nous fera entrer dans l’ambiance... Avec la sanza et d’autres percussions camerounaises qui sont aussi des instruments qui participent vraiment à faire le voyage musical qui va nous ramener un peu plus tard, vers Cindy Pooch qui, aujourd’hui, représente un peu le mélange de la musique africaine, mais également l’évolution à travers des rencontres, avec un autre artiste musicien, Ariel Tintar, qui vient des Antilles. Pour moi, il était important d’essayer de ramener cette diaspora-là, qui est partie du continent pendant l’esclavage et qui se retrouve ailleurs, et de faire une rencontre entre cette diaspora et des artistes camerounais. On terminera par la proposition que je ferai dans l’Amphithéâtre, une proposition portée par les traditions, mais également par la modernité. Aujourd’hui, mon set vraiment constitué de mélodies issues du bassa, ma langue natale, entourée par des instruments comme l’ERAE, qui est une espèce de gros PAD hypermoderne qui fait de super beaux sons. L’idée, c’était vraiment de partir de ces instruments organiques et faire l’évolution jusqu’à ce que la technologie d’aujourd’hui nous propose : des instruments hypermodernes qui permettent de mélanger et de créer quelque chose qui raconte aussi cette évolution qui, au fil du temps, a rencontré, bien sûr, des moments très durs. Donc raconter la période coloniale, mais aussi l’histoire de la suite. Où ça va ? Comment le continent se reconstruit après tous ces mouvements de résistance, tous ces moments durs qu’ont connus certains espaces avant d’aboutir à quelque chose de cohérent. C’est quelque part aussi, aborder cette histoire à travers la poésie, parce que la musique arrive à entrer dans les cœurs et les cerveaux pour placer les conditions qui permettent d’aborder les sujets les plus graves. 
À la fin de ce voyage-là, on va avoir un espace de DJ avec l’incroyable Dj Masta, qui est vraiment le DJ dans la communauté camerounaise, qui va faire danser, qui est un champion du dancefloor. Au-delà de ça, c’est quelqu’un qui se bat. C’est aussi pourquoi je l’ai programmé, parce qu’il se bat pour la diffusion de la musique camerounaise en Europe et en France. C’est vraiment un producteur important qui ramène à chaque fois des esthétiques qu’on n’a pas l’habitude de voir. C’est lui qui va nous permettre de terminer la soirée avec toutes les nouveautés de la musique camerounaise. Il mettra en lumière le dancefloor à la camerounaise. 
Et puis, bien sûr, on aura la gastronomie, qui sera donc la rencontre entre la cuisine française et l’incroyable cuisine camerounaise. On mange de super bien au Cameroun, avec une diversité incroyable. Ce sera l’occasion de mettre en lumière aussi cette cuisine camerounaise, qui est juste magnifique. 

Le festival Days Off donne carte blanche au musicien et artiste pluridisciplinaire Blick Bassy pour une soirée dédiée à la musique camerounaise d’hier et d’aujourd’hui.

Né en 1974 dans le village de Mintaba, en pays Bassa, au sud-ouest du Cameroun, Blick Bassy a grandi à Yaoundé. Issu d’une famille nombreuse, il retourne à l’âge de 10 ans dans son village natal avec ses grands-parents. Pendant deux ans, il se familiarise avec les coutumes traditionnelles, la musique, la culture et les activités agricoles comme la chasse et la pêche. Il y apprend la musique en autodidacte et découvre progressivement les rythmes traditionnels et certaines pratiques telles que le chant bolobo ou l’assiko, une danse accompagnée de musique jouée par des guitares et des percussions. Cette période de riche apprentissage l’incite, à l’âge de 22 ans, à fonder le groupe Macase, à la croisée du jazz, de la soul et de la culture bantoue, où il chante et joue des percussions.

Après deux albums et une grande tournée internationale, Blick Bassy se lance dans une carrière solo qui fait autant la part belle aux mélodies issues du bassa qu’aux sonorités et instruments modernes comme l’ERAE. Installé en France depuis une quinzaine d’années, il sort son cinquième album studio en 2023, Màdibà sur le label InFiné, collaborateur régulier du Musée de la musique. Pour le festival Days Off il imagine, avec l’aide d’une poignée d’invités, un voyage dans l’histoire de la musique camerounaise, des années 1900 à nos jours.

Le festival revient cette année à un format plein et entier avec une programmation déployée dans tous les espaces de la Philharmonie de Paris, qui associe les styles, têtes d’affiches, découvertes et créations pour faire vibrer toutes les cordes sensibles.