La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.
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Les extraits d'Un américain à Paris sont interprétés par le London Symphony Orchestra sous la direction de Kristjan Järvi. Concert enregistré à la Salle Pleyel le 07 novembre 2007.
Retrouvez le concert sur Philharmonie à la demande.
Un soir, Arthur Freed, producteur à la Metro-Goldwyn-Mayer, demande à son ami Ira Gershwin de reprendre le titre de l'œuvre de son frère ainé George Gershwin, Un Américain à Paris, pour l’un de ses films. Ira Gershwin donne son accord, mais à condition que Freed reprenne non seulement le titre, mais aussi les musiques composées par son frère… Qu’il n’utilise d’ailleurs QUE la musique de George.
Marché conclu entre les deux hommes. Le contrat est signé en 1949, douze ans après la mort du compositeur.
Quand il signe le contrat avec Ira Gershwin, Arthur Freed n’a encore aucune idée du contenu du film ; il en a seulement le titre. Il sait aussi que pour le final, il aimerait un grand spectacle avec un ballet reprenant en intégralité l’œuvre orchestrale de George Gershwin.
Remontons un peu en arrière… C’est à la fin des années 1920 que George Gershwin a l’idée d’Un Américain à Paris. Le compositeur jouit à l’époque d'une certaine notoriété, surtout après les succès exceptionnels de la Rhapsody in Blue et de Lady, Be Good !
Il se rend en France avec l’intention de rencontrer Maurice Ravel. Il cherche un maître réputé avec qui se perfectionner. Mais Ravel refuse de lui donner des leçons : « Pourquoi être un Ravel de second ordre quand vous pouvez être un Gershwin de premier ordre ? », lui dit-il.
De même, la grande pédagogue Nadia Boulanger refuse de le prendre dans sa classe. Que pourrait-elle lui apporter ? Il ne faut rien changer, tout lui réussit très bien comme cela… qu’il continue à écrire sa musique !
Malgré ces refus, son voyage à Paris n’est pas complètement vain… C’est lui qui va inspirer à Gershwin le sujet d’Un Américain à Paris, une œuvre où Broadway rencontre le Paris des Années folles.
Un Américain à Paris se présente comme un poème symphonique – autrement dit, une œuvre avec un sujet autre que musical – en trois parties, où le jazz fusionne avec la tradition classique.
La première partie est intitulée « Very Parisienne » par le compositeur, et s’inspire du langage des musiciens du Groupe des Six, que Gershwin côtoie lors de ses pérégrinations dans la ville lumière.
Elle raconte le parcours d’un touriste Yankee dans les rues de la capitale française, en particulier sur les Champs-Élysées, où klaxonnent les taxis pris dans les embouteillages. Le touriste flâne, passe devant un music-hall, traverse la Seine et s’installe en terrasse d’un café du Quartier latin.
La deuxième partie est qualifiée d’« américaine » par le compositeur. Notre touriste devient nostalgique de son pays, ce qui se traduit en musique par un blues sur un solo de trompette. S’ensuit un charleston animé, puis le thème de blues revient avec intensité aux cordes.
La troisième partie réunit la France et l’Amérique. Tous les thèmes de la partition y sont repris, tandis que le touriste fait la connaissance d’un compatriote à qui il raconte ses aventures.
À son retour aux États-Unis, à l’occasion d’une interview au Musical America, George Gershwin déclare à propos de sa pièce : « Comme dans mes autres compositions, je n’ai pas cherché à représenter de scène précise. […] Cette pièce d’allure rhapsodique n’est programmatique que dans le sens impressionniste du terme, et chaque auditeur peut interpréter tel ou tel épisode au gré de son imagination. »
L’œuvre est créée le 13 décembre 1928, au Carnegie Hall de New York.
C’est en 1951 que le film de Vincente Minnelli sort sur les écrans, avec Gene Kelly et Leslie Caron.
Il met en scène un jeune peintre américain, Jerry, qui tombe fou amoureux de Lise, malheureusement promise à un autre homme, Henri. Jerry comprend que leur histoire d’amour est impossible, et lors du final du film, il rêve qu’il danse avec elle dans les rues de Paris. À la fin, Lise choisit Jerry, avec la bénédiction de Henri. Comme le voulait Arthur Freed, le ballet final, d’une durée de 18 minutes, est exceptionnel.
Le film connaît un succès considérable et remporte six oscars.