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Plic, plac, ploc… La pluie se met à tomber. Zimzam est debout à l’entrée de la grotte, il n’ose pas entrer. Que va-t-il trouver à l’intérieur ? Il a entendu une voix qui disait des paroles méchantes, qui le traitait de voleur… et elle semblait venir de cette grotte !

Soudain, un roulement de tonnerre le fait sursauter.

« Grossilence, qu’est-ce que c’est ? Encore de la musique ? Ou juste un son ? » demande Zimzam. Il tremble de tous ses membres, il est trempé et il a froid. Avec toute cette pluie, il doit trouver le courage de pénétrer dans la grotte s’il veut passer la nuit au sec. Et puis, il n’y a plus de voix méchante… peut-être l’a-t-il imaginée ?

Zimzam avance de quelques pas … Hum, c’est quand même inquiétant. Tu crois qu’il devrait vraiment y aller ? Ou rester tout mouillé sous la pluie ?

Bon ben, c’est trop tard. Il est entré. Je ne peux rien y faire, l’histoire elle est comme ça. Donc, Zimzam est dans la grotte. Et il entend des vents étranges qui viennent du fond, du bout d’un tunnel tout noir…

« On souffle dans la grotte ! Quelque chose souffle, Grossilence ! » chuchote Zimzam.

Et puis un petit son bizarre se fait entendre : clac clac clac… Zimzam met un temps à comprendre : « Ce sont mes petites dents qui claquètent ! » Aïe, aïe, aïe, Zimzam a peur.

Mais Zimzam n’a pas le temps de calmer ses petites dents car une musique s’élève dans la grotte, une ÉNORME musique qui a l’air de venir d’un ÉNORME instrument. 

À peine la dernière note a-t-elle fini de résonner que dans le silence on entend :

Et ça recommence !

« Qui es-tu ? » s’exclame Zimzam, pétrifié. 

Et hop, hop, il s’enfuit à toutes jambes dans la direction opposée à la voix et emprunte un tunnel au hasard. Mais la musique semble le poursuivre ! Et le Grossilence ne fait rien !

Zimzam, ralentis ! Calme-toi ! Ah, enfin : le voici qui débouche dans une grande salle. Des stalactites de toutes les tailles sont accrochées au plafond et Zimzam s’arrête, stupéfait, devant ce spectacle incroyable.

Tu as bien entendu : STA-LAC-TITES.

Non, ce ne sont pas de vilaines bêtes ! Mais de grands bâtons de pierre qui poussent sur les murs des grottes les uns à côté des autres, comme des colonnes !

Zimzam approche sa main d’une des plus grosses colonnes. « Grossilence, que c’est beau ! murmure-t-il. Ooooh, mais qu’est-ce qui se passe ? »

La colonne vient de s’éclairer, on dirait un tube lumineux. Elle se met à ronfler puis à chanter un son grave et puissant.

Zimzam touche alors une colonne plus fine et plus petite, comme un spaghetti. Le ronflement reprend et une note plus aigüe monte sous le haut plafond de la salle.

« Grossilence, le vent fait chanter les colonnes ! s’exclame Zimzam. Les grosses chantent rond et les petites chantent pointu ! C’est un orgue de grotte ! »

C’est alors que la terrible voix se fait de nouveau entendre ! Elle semble maintenant toute proche : « TEMPO LENTO ! », clame-t-elle.

Comme si elles obéissaient à une phrase magique, les colonnes se mettent à jouer des notes lentes. « MODERATO ! », insiste encore la voix.

Puis, elle s’énerve : « Presto ! PRESTISSIMO ! »

La musique envahit la grotte, on dirait un cheval au galop ! « Accelerando ! Accelerando ! » crie la voix qui semble n’en avoir jamais assez. Comme prise de folie, les colonnes s’éclairent les unes après les autres dans un tourbillon lumineux.

Affolé, Zimzam implore Grossilence : « Il y a trop de notes, trop de notes !  La grotte va s’effondrer ! »

Le silence revient brutalement. Zimzam, rassuré par le pouvoir de Grossilence, se sent maintenant un peu curieux : « Hum… J’aimerais quand même bien essayer moi aussi les formules magiques qui changent la vitesse de la musique, dit-il. Grossilence, fais jouer les colonnes ! MODERATO ! »

« PRESTO ! PRESTO ! » continue Zimzam.

Il a l’air de s’amuser comme un petit fou… Et toi ? Tu veux dire les formules avec lui ? Écoute ce que ça fait à la musique !

Allez, répète…

PRESTISSIMO !

                        ACCELERANDO !

                                                Et encore ACCELERANDO !

Oh la la ! C’est la voix de la grotte ! Zimzam, que vas-tu faire ?

Eh bien, le voilà qui répond : « Jamais je ne laisserai Grossilence ! » Et il s’enfuit en serrant son trésor contre son cœur. Il retrouve le dehors et la grande forêt mystérieuse.

Mais la nuit n’est plus si noire maintenant, car des centaines et des centaines de petits insectes lumineux se sont étrangement rassemblés à la sortie de la grotte…

Raconté par Marion Rampal, écrit par Karine Chaunac, réalisé par Marie Guérin

L'œuvre à écouter :

Toccata et fugue en ré mineur, Johann Sebastian Bach.