La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.
Écouter ce podcast sur Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts ou Spotify.
Les extraits de la Symphonie no 6 sont interprétés par le Chamber Orchestra of Europe sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Concert enregistré à la Philharmonie de Paris le 7 février 2017.
Retrouvez le concert sur Philharmonie à la demande.
Comme tout grand compositeur romantique, Beethoven est un amoureux de la nature. Dans une lettre à son amie Therese Malfatti, il écrit : « Quel plaisir alors de pouvoir errer dans les bois, les forêts, parmi les arbres, les herbes, les rochers. Personne ne saurait aimer la campagne comme moi. Les forêts, les arbres, les rochers nous rendent en effet l’écho désiré. »
L'été, Beethoven fait de longues promenades dans les villages aux alentours de Vienne, il se perd dans la nature et dans ses rêveries. Il aime tant la nature qu’il va lui dédier une symphonie, la Sixième, la célèbre Symphonie « Pastorale ».
Beethoven entreprend sa Sixième Symphonie à Heiligenstadt, village situé sur le Danube, vers 1805, époque de composition de la Cinquième, la symphonie dite « du Destin ». Les deux œuvres sont créées le même jour, le 22 décembre 1808 au Theater an der Wien, à Vienne, dans un concert de quatre heures entièrement dédié à Beethoven. Le contraste entre les deux est saisissant : après le caractère dramatique de la Cinquième Symphonie, la Sixième est une œuvre pastorale, aux accents paisibles et bucoliques.
Dans la production de Beethoven, la Sixième Symphonie est des plus originales. Elle relève plus ou moins de ce que l’on appelle la « musique à programme », c'est-à-dire une œuvre instrumentale sur un sujet évoqué, narrative et descriptive. La "Pastorale" se découpe en cinq parties, auxquelles Beethoven donne des titres : Éveil d’impressions agréables en arrivant à la campagne ; Scène au bord du ruisseau ; Joyeuse assemblée des paysans ; Tonnerre – Orage ; Chant pastoral – Sentiments joyeux et reconnaissants après l’orage.
Beethoven change l’orchestration en fonction des différents mouvements. La partition fait la part belle aux bois et aux cors, souvent associés aux musiques champêtres. Les timbales, elles, font seulement leur entrée dans l’Orage pour marquer le déchaînement des éléments. De même, pas de trompettes dans les très paisibles premier et deuxième mouvements.
Même si Beethoven préfère parler « d’émotion inspirée » par la nature que de « peinture descriptive », certains passages de la Symphonie « Pastorale » ont tout de même un caractère descriptif, comme la coda du deuxième mouvement, qui reproduit différents chants d’oiseaux : un rossignol à la flûte, une caille au hautbois ou un coucou à la clarinette.
Après les réjouissances paysannes du troisième mouvement, vient l’orage du quatrième. Quelques grondements se font entendre dans les basses, quand soudain, la tempête éclate, accompagnée par les fameuses timbales.
Avant Beethoven, de nombreux compositeurs ont mis l’orage en musique, en particulier à l’époque baroque, notamment Vivaldi, dans ses Quatre Saisons, ou Rameau dans ses Boréades. Beethoven lui-même a déjà abordé ce thème dans sa Sonate pour piano n° 17, « La Tempête » – un titre qui fait écho à la pièce The Tempest de Shakespeare. Après le tonnerre, retour à un temps paisible dans le cinquième et dernier mouvement.
Le 22 décembre 1808, jour de la création, les Cinquième et Sixième Symphonies sont données en ordre inversé. La Pastorale plaît moins au public que sa grande sœur. Dans l’ensemble, le concert n’est pas une grande réussite… Mais qu’importe ! Cinq ans plus tard, en 1813, la Septième Symphonie de Beethoven connaîtra un triomphe.