Message d’information

Fermeture

Le Musée est fermé pour travaux jusqu’au 12 novembre.

En savoir plus

Philharmonie de Paris - Page d'accueil

Les clés du classique #48 — La Cinquième symphonie de Beethoven

Publié le 03 octobre 2024 — par Charlotte Landru-Chandès

Quatre premières notes tonitruantes, un sentiment d’urgence, une tension dramatique…  Interrogé sur le sens de ce motif initial, Beethoven aurait eu cette formule célèbre : « Ainsi frappe le destin à la porte. »

La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

Écouter ce podcast sur Apple PodcastsDeezerGoogle Podcasts ou Spotify.

Les extraits de la Symphonie no 5 sont interprétés par l'Orquesta Sinfonica Simon Bolivar de Venezuela sous la direction de Gustavo Dudamel. Concert enregistré à la Philharmonie de Paris le 24 janvier 2015.

Retrouvez le concert sur Philharmonie à la demande.

Les extraits de la Symphonie no 3 sont interprétés par Insula Orchestra sous la direction de Laurence Equilbey. Concert enregistré à la Philharmonie de Paris le 8 mars 2016.

Retrouvez le concert sur Philharmonie à la demande.


La grande particularité de la Cinquième Symphonie de Beethoven réside dans ce motif d’ouverture : trois notes brèves suivies d’une longue. Omniprésent, obsédant, il revient tout au long de l'œuvre, sans cesse transformé.

Ce n’est pas la première fois que Beethoven utilise ce rythme, on le retrouve par exemple dans son Concerto pour piano n° 4. Interrogé sur le sens de ce motif initial, Beethoven aurait eu cette formule célèbre : « Ainsi frappe le destin à la porte. »

Beethoven compose sa Cinquième Symphonie entre 1804 et 1808, mais les premières esquisses datent de 1803, période de la composition de la Troisième Symphonie, l’Héroïque, œuvre magistrale, saisissante, et très moderne.

À cette époque, en grand admirateur de la Révolution française et de ses principes de liberté et d’égalité, Beethoven projette de s’installer à Paris. Il entend communiquer les idéaux révolutionnaires à travers sa musique, que ce soit par l'emploi de certains rythmes, ou d’éléments musicaux déployés à très grande échelle.

À Vienne, à la fin des années 1790, Beethoven a côtoyé quelques musiciens français, ainsi que le général Bernadotte, ambassadeur de France, et a eu connaissance des partitions des fêtes révolutionnaires. 

En 1803, Beethoven choisit de dédier sa Symphonie « Héroïque » à Bonaparte, qu’il considère comme un héros, et le libérateur de l’Europe.

Mais en 1804, c’est le drame : Napoléon est couronné empereur. Pour Beethoven, c’est une trahison envers les principes de la République !

Accablé, le compositeur renonce à sa dédicace et déclare : « Maintenant, il va n’obéir qu’à son ambition ! Il va s’élever plus haut que les autres, devenir un tyran ! »

Comme dédicataire, il choisit finalement son mécène, le prince Lobkowitz. L’idée d’une future installation à Paris semble s’éloigner de l’esprit du compositeur…

Accaparé par sa Troisième Symphonie et d’autres travaux, Beethoven ne peut se consacrer pleinement à sa Cinquième : il termine la Quatrième, son opéra Fidelio, sa Messe en ut ou encore l’ouverture Coriolan, dont la tonalité est la même que la Cinquième Symphonie, en ut mineur, couleur sombre et tragique.  Beethoven ne se remet sérieusement à son œuvre que vers 1807. Il dédie sa partition à deux de ses mécènes, le prince Lobkowitz, encore une fois, et le comte Razoumovski.

L'œuvre est créée le 22 décembre 1808 au Theater an der Wien, à Vienne, dans un concert entièrement consacré à Beethoven. Celui-ci souhaite réunir les dernières œuvres qu’il a composées, les Cinquième et Sixième Symphonies, le Concerto pour piano n° 4, la Fantaisie pour piano op. 77 et la Fantaisie chorale op. 80 

Beethoven est à l’époque dans une situation financière compliquée et, comme ses rapports sont tendus avec Vienne, il envisage d’accepter le poste de maître de chapelle à Cassel proposé par Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie. 

Finalement, peu après le concert, plusieurs protecteurs lui accorderont une rente annuelle, ce qui lui permettra de rester à Vienne.

Après quatre heures de musique, le public est un peu sonné, mais les réactions sont plutôt bonnes et les éloges sur la Cinquième sont nombreux : « La musique de Beethoven nous ouvre l’empire du colossal et de l’immense », écrira E.T.A Hoffmann. Et Goethe s’exclamera en 1830 : « C’est très grand, c’est absolument fou ! »

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris