Le Carrosse d’or de Jean Renoir (1952)
En 1952, Jean Renoir est l’un des premiers réalisateurs majeurs à utiliser Les Quatre Saisons au cinéma. Comme il le dit lui-même dans cet entretien réalisé en 1962 (à 3 min 30), Vivaldi s’est imposé dès l’écriture du scénario. La musique du compositeur vénitien s’affirme comme l’un des personnages principaux du film, hommage flamboyant à la commedia dell’arte.
Les Saisons d’Artavaszd Pelechian (1975)
De nombreux cinéastes ont utilisé les différents mouvements des Quatre Saisons pour évoquer l’écoulement des mois dans l’année. Ainsi, Artavaszd Pelechian rythme son documentaire sur la vie de bergers en Arménie avec les saisons vivaldiennes Ici, L’Été accompagne de façon lyrique le travail des paysans dans les collines.
Snow Therapy (Force majeure) de Ruben Östlund (2014)
Les Quatre Saisons de Vivaldi servent souvent d’interludes pour marquer le passage du temps. Ainsi dans Dogvillede Lars von Trier (2003) et Lady Vengeance de Park Chan-wook (2005), dont les différents extraits musicaux témoignent de l’évolution des personnages. Dans Snow Therapy (2014), le réalisateur suédois Ruben Östlund (doublement palmé à Cannes) utilise de façon ironique L’Été pour le générique de son film qui se déroule dans les Alpes en… hiver.
Pretty Woman de Garry Marshall (1990)
De nos jours, Les Quatre Saisons sont omniprésentes. L’œuvre est utilisée comme sonnerie de téléphone (notamment par le personnage de Nicolas Cage dans le film Dream Scenario de 2023) et dans d’innombrables publicités de luxe.
Dans de nombreux films, la partition de Vivaldi est ainsi employée comme fond sonore de réceptions mondaines et élégantes. Citons notamment la soirée dans Apparences de Robert Zemeckis (2000) ou encore le pique-nique au Château de Chantilly dans lequel James Bond (Roger Moore) rencontre le méchant Zorin (Christopher Walken), dans Dangereusement vôtre de John Glen (1985). C’est enfin le cas dans cette scène de Pretty Woman où Le Printemps constitue l’arrière-fond sonore du restaurant chic dans lequel le personnage interprété par Richard Gere emmène Vivian, interprétée par Julia Roberts (à 2 min 30).
Intouchables d’Olivier Nakache et Éric Tolédano (2011)
Dans Intouchables (2011), la partition de Vivaldi y est si rabâchée qu’elle apparaît même comme la caricature de la musique dite classique. Philippe (François Cluzet) invite un ensemble instrumental chez lui et fait écouter à Driss (Omar Sy) différents extraits dont L’Été et Le Printemps des Quatre Saisons. Driss ne semble pas convaincu : L’Été n’est pas « une musique pour danser » et Le Printemps lui rappelle la voix du répondeur des Assedic…
La scène de torture dans Old Boy de Park Chan-wook (2003)
Est-ce en raison du caractère élégant de la musique de Vivaldi (le XVIIIe siècle évoquant des fastes aristocratiques) que de nombreux cinéastes utilisent Les Quatre Saisons comme contrepoint à des images violentes ? Si Lars von Trier a choisi L’Automne pour une scène insoutenable de The House That Jack Built (2018), le Coréen Park Chan-wook n’est pas en reste avec cette scène très graphique d’arrachage de dents rythmée par L’Hiver. Attention, extrait à ne pas montrer à tout le monde…
John Wick 3 – Parabellum de Chad Stahelski (2019)
Dans ce film musclé, le cinéaste Chad Stahelski se sert de L’Hiver pour une scène préfigurant un assaut imminent. L’urgence dramatique de la musique de Vivaldi épouse ici idéalement le bruit des chargeurs de mitrailleuse. Attention, John Wick (Keanu Reeves) est prêt à passer à l’action…
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (2019)
Les Quatre Saisons sont omniprésentes dans le jeune cinéma français. De façon étonnante, de nombreuses femmes cinéastes y ont eu recours : Valérie Donzelli (La Guerre est déclarée, 2011), Stéphanie Di Giusto (La Danseuse, biopic sur Loïe Fuller, 2016) ou Justine Triet (Sibyl, 2019). Mais l’exemple le plus frappant réside probablement dans la scène finale de Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Ici, L’Été (entendu dans un théâtre) joue le rôle de catharsis des passions pour le personnage interprété par Adèle Haenel.
Vivaldi, personnage de cinéma
2025, année Vivaldi ! Si en 2006, le cinéaste Jean-Louis Guillermou illustrait la vie romanesque du compositeur, dans Antonio Vivaldi, Un prince à Venise, avec Stefano Dionisi dans le rôle-titre, les prochains mois promettent pas moins de deux longs métrages consacrés à Vivaldi. Le premier sera réalisé par Volker Schlöndorff (Palme d’or 1979 pour Le Tambour) et le second (semble-t-il encore au stade de projet) se fera sous la direction de John Ottman, monteur oscarisé du film Bohemian Rhapsody en 2019. Il se murmure que le guitariste de Queen, Brian May (à la coiffure assurément très baroque), interpréterait le rôle du prêtre roux vénitien…