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La Musikfest : partage, transmission et découvertes

Publié le 10 December 2025

— Ouverture La Musikfest - © Melissa Schriek

Pour la première fois à la Philharmonie de Paris, La Musikfest déploie sa vision généreuse de la musique de chambre. Imaginé par la violoniste Liya Petrova et le pianiste Alexandre Kantorow, ce festival propose quatre concerts riches en répertoires et en rencontres.
— Entretien | Liya Petrova et Alexandre Kantorow : La Musikfest

C’est vrai qu’on a commencé en 2020, je pense, pendant le confinement. 

Pour un peu raconter l’histoire du début, c’était vraiment par un désir de se retrouver avec nos amis, avec les musiciens, de se retrouver en musique, retrouver ce partage. On n’avait pas forcément planifié de continuer, c’était vraiment un rendez-vous en 2020. Finalement, cela s’est super bien passé, on s’est dit : « On va continuer ». Et on est ravi d’être dans cette nouvelle maison, ici, à la Philharmonie.

 

L’avantage d’un lieu comme ici, c’est un lieu qui a l’habitude d’expérimenter, de mélanger les genres, d’utiliser plus de lumières, un travail sur le son, un travail scénique... Donc pour la musique de chambre, qui est quand même l’une des formations presque les plus austères et les plus conventionnelles, ici à la Philharmonie on est obligé de l’ouvrir. Donc on s’est beaucoup amusé avec la programmation : de former un petit orchestre, d’utiliser tel orgue… de créer quelque chose qui augmente un petit peu la musique de chambre vers l’extérieur.

 

La Philharmonie nous a donnés beaucoup de liberté dans notre programmation. Je pense que c’est le premier point, pour moi en tout cas, qui est super important. On s’est vraiment dit : « Ok, on a de la place, pour la découverte, pour expérimenter dans les œuvres ». 

 

Cette année on n’a pas vraiment réfléchi à une thématique. On avait des idées, des œuvres qu’on voulait absolument programmer, ou alors des œuvres qu’on voulait découvrir, qu’on ne connaissait pas, et on s’est dit que ce serait chouette de les découvrir tous ensemble. 

C’est ça que j’adore dans le fait d’être deux à programmer, et surtout de programmer avec Alexandre. Cela ne donne jamais les mêmes programmes que si on était seul à les faire. Ce travail, cet échange, échanger les idées, on va finalement beaucoup plus loin, on prend plus de risques, et j’aime beaucoup ça.

 

On est obligé de briser ses idées et ensuite de les reconstruire ensemble. Donc oui, cela donne lieu à de grandes surprises. 

L’idée même d’avoir un concert qui ne s’arrête jamais avec de la musique répétitive, et donc d’écrire des transitions entre les morceaux… Toutes ces choses-là sont venues d’un mélange de nos idées et en même temps de la compréhension de ce que ce lieu et cet espace allaient pouvoir nous permettre et nous demander d’aller plus loin, simplement. C’est en même temps nous deux et on se sent portés vraiment par le lieu. 

 

On a vraiment découvert des œuvres modernes, contemporaines, sans spécialement chercher une œuvre d’une époque. Par exemple, pour les deux concerts Continuum, qu’on a vraiment pensés comme un voyage musical qui ne s’arrête pas – comme Alexandre l’a dit, on a fait composer des petites pièces qui seront des liens entre les pièces qu’on a programmées –, on a cherché des œuvres qui ont un côté un peu cyclique, répétitif, qui nous mettent dans un état d’esprit un peu particulier. Et on est tombés sur ces œuvres qu’on aime beaucoup mais sans forcément chercher des époques différentes. C’est juste que c’est de la musique qu’on aime bien et qui matche bien avec notre idée musicale. 

 

En même temps il y a une manière de rebattre les cartes. On a l’impression que des morceaux de compositeurs peu connus, simplement s’ils ont un fort pouvoir musical, ils attrapent les gens – et c’est le cas aussi au concert. Donc d’avoir du répertoire français oublié – comme Koechlin, des compositeurs comme ça – et d’avoir en même temps des créations contemporaines pour simplement perpétuer le cycle naturel de la musique, ça nous semblait important. En plus, la musique de chambre est rarement ce à quoi on pense quand on pense "novateur" ou "avant-garde". On s’est dit que ce serait une bonne manière de pousser la musique de chambre et de montrer qu’elle peut aller de l’avant aussi. 

 

Il y a cette famille musicale qui s’est créée à la Musikfest, déjà depuis des années, et la famille grandit, petit à petit. Maintenant, comme Alexandre l’a dit, ce lieu nous donne la possibilité de faire plus de choses et d’avoir plus de monde sur scène, ce qui est chouette. Donc je le vois comme ça, c’est une envie d’aller dans toutes les directions, vers les jeunes aussi. Cette famille, elle grandit j’ai l’impression, chaque année de plus en plus.

 

Le cœur sera toujours au fond de la musique de chambre puisque l’origine de la Musikfest c’est cette fête musicale, et la musique de chambre permet cette chose, ces rencontres d’amis, ces moments où la force du groupe dépasse la force individuelle. Ça fait vraiment partie de cette idée-là, de voir jusqu’où on peut étirer la limite de ce qu’est la musique de chambre, et est-ce qu’on peut retrouver quand même cet aspect qui est unique, qui est le plaisir du partage. Ça va être la surprise aussi, on expérimente.

 

Pour moi l’identité c’est le partage, c’est cette famille musicale comme on a dit, c’est la découverte, et la liberté en musique. 

Créée en 2020, en plein confinement, pour soutenir les musiciens et maintenir le lien avec leur public, La Musikfest s'est imposée comme un rendez-vous annuel captivant, porté par la violoniste Liya Petrova et le pianiste Alexandre Kantorow.

Le festival célèbre l'amitié musicale à travers un répertoire audacieux et éclectique : de Rameau à Pärt, de la Sonate posthume de Ravel aux créations contemporaines de Tabakova et Adams, en passant par les trésors méconnus de Franck ou Koechlin. Le claveciniste Jean Rondeau, le clarinettiste Martin Fröst et une pléiade de chambristes d'exception convoquent les époques et les styles.

Du concert inaugural mariant finesse baroque et modernité au feu d'artifice final, La Musikfest offre une passionnante mise en perspective du répertoire de chambre, entre partage, transmission et découvertes.