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Saison 4 - Épisode 7 - Géronimo et le dragon

Publié le 14 November 2023 — par Constance Félix

Non loin d’un petit village, en Italie, vivait un terrible dragon. Petit mais malin, il avait un corps de serpent qui se faufilait dans les herbes folles à une allure vertigineuse et une tête de diable.

Conte-moi la musique est une série de podcasts pour les 3-8 ans.

Avec Conte-moi la musique, retrouvez des histoires fabuleuses, drôles et poétiques, imaginées à partir des instruments du Musée de la musique.

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Ce dragon terrifiait les villageois, car il avalait tout rond les petits enfants ! Aucun chevalier, si fort soit-il, n’avait réussi à le tuer. Or, dans une chaumière, une femme avait mis au monde un enfant pas comme les autres. Il boitait et avait des yeux extraordinaires, on aurait dit qu’il était toujours dans la lune, comme plongé dans une torpeur. Et enfin… il ne parlait pas. 
Pour lui donner de la force, sa mère lui avait donné un grand nom « Géronimo ». Mais tous se moquaient de lui : « Géronimo, l’idiot du village ! » et lui jetaient des pierres. Seulement rien ne semblait l’atteindre, il continuait son bonhomme de chemin, toujours plongé dans sa torpeur.

Le plus extraordinaire, c’est que tous les jours Géronimo sortait du village et revenait sain et sauf. Personne n’aurait osé faire une chose pareille tant on avait grand peur du dragon ! Mais il avait un secret : avec tout et n’importe quoi, il fabriquait des instruments de musique et quand il jouait - sa musique était si belle, si pure -  que le dragon ne pouvait s’approcher, tant ça lui cassait les oreilles. Furieux, il restait en bas de la colline, guettant le moment propice pour dévorer l’enfant. Il n’y avait rien à faire, tous les jours Géronimo jouait et le dragon fulminait.

Un jour pourtant, l’enfant était en train de fabriquer un luth. Si absorbé par sa tâche, il n’entendit pas le dragon se faufiler dans les herbes folles, se dresser derrière son dos, la gueule grande ouverte avec ses deux petites dents, prêtes à le dévorer. Rapide comme l’éclair, Géronimo emplit ses poumons d’air et siffla de toutes ses forces dans la gueule du monstre. Le son qui sortit était si aigu qu’il traversa le corps du dragon, le transformant en statue !

Comme Géronimo aimait jouer avec tout et n’importe quoi, il coupa le bout de la queue du serpent et souffla. Un son épouvantable sortit de la gueule du dragon, si fort que la terre trembla. Géronima souffla, souffla encore et l’on vit sortir tous les enfants que le dragon avait avalés. Sous le choc, Géronimo sortit de sa torpeur et retrouva même un filet de voix : « Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? » Les enfants lui racontèrent leur mésaventure et le prirent sur leurs épaules en l’acclamant comme un héros. Désormais sortait de l’instrument de musique à corps de serpent et à tête de diable un long chant de victoire.

Les villageois, qui avaient senti la terre trembler, étaient sur le pas de leur porte, effrayés. Quand ils virent arriver devant eux tous les enfants qu’ils avaient perdus, ce furent des cris de joie. Soudain ils virent le dragon mort à côté de Géronimo ! Ils n’arrivaient pas à y croire ! Certains disaient :
— Ça ne peut pas être Géronimo qui l’a tué, il est bien trop bête !

D’autres le défendaient :
— Mais si, je vous dis que c’est lui ! » Quand le seigneur du village arriva, il croisa le regard de Géronimo et comprit tout de suite. Il le prit dans ses bras.
— Grâce à toi, on va vivre de nouveau heureux ! Pour cela, je te dois la plus belle récompense qui soit !  Dis-moi ce que tu souhaites !

Géronimo, qui avait retrouvé un petit filet de voix, répondit  très intimidé :
— Ce que je souhaite le plus au monde, c’est de jouer de la musique toute ma vie !

Le seigneur lui dit :
— Je vais t’offrir un grand palais où tu pourras mettre tous tes instruments de musique et jouer tout ton saoul ! Et c’est ainsi que Géronimo, celui qu’on appelait l’idiot du village, est devenu le plus grand musicien de son époque. Il jouait de beaucoup d’instruments de musique mais son préféré, c’était un drôle d’instrument avec un corps de serpent et une tête de diable, qu’on appelle le cornet à bouquin et dont Géronimo sortit des sons doux et presque angéliques !

Constance Félix
  • Un conte écrit et raconté par Constance Félix.
  • Solène Riot : cornet à bouquin, corne de bélier, flûte et cloche, flûte et tambour.
  • Extraits musicaux : Dame, se vous m’estes, Guillaume de Machaut ; Improvisation sur mélodie d’inspiration séfarade, Solène Riot ; Propinan de Melyor, Cancionero de la Colombina de Sevilla, Anonyme ; Stella Splendens Llibre Vermell de Montserrat ; Chanconetta Tedesca, Anonyme.