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Saison 4 - Épisode 10 - Et Adolphe créa le Sax

Publié le 06 décembre 2023 — par Albert Sandoz

Chaque naissance est un cadeau à la vie. Celle que je vais vous raconter a aussi été un cadeau à la musique...

Conte-moi la musique est une série de podcasts pour les 3-8 ans.

Avec Conte-moi la musique, retrouvez des histoires fabuleuses, drôles et poétiques, imaginées à partir des instruments du Musée de la musique.

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Adolphe Sax est né à Dinant, en Belgique, il y a plus de 200 ans. Son père était facteur d’instruments, il ne livrait pas des colis sonores, mais fabriquait de magnifiques instruments : cors, flûtes, clarinettes. Adolphe a grandi au milieu des notes de musiques et des bruits de l’atelier de son père. C’était un enfant espiègle qui aimait rire, jouer de la flûte et tenter de nouvelles aventures ! Ses expériences n’étaient pas toujours sans danger et il lui est arrivé de nombreux accidents : il est tombé d’un grand escalier et s’est ouvert la tête ; il a bu par erreur une tasse de vitriol, un poison très dangereux ; il a manqué de se noyer dans une rivière ; il a subi le souffle de l’explosion d’une réserve de poudre à canon ; il a été frappé à la tête par une tuile tombée d’un toit ! La mort a failli l’emporter tellement de fois, qu’on a fini par lui donner un surnom : « Le petit fantôme ». D’autant qu’une fois, il est resté longtemps dans le coma, c'est-à-dire qu’il était comme endormi, très profondément, comme la Belle au bois dormant. Il fait alors un rêve incroyable : de nouveaux sons brillants venant d’instruments à vent ! Adolphe Sax revient de cette épreuve avec une envie profonde de vivre et de créer. Il est hanté par toutes ces musiques qu’il a entendues en songe et qu’il a envie de reproduire. 

Adolphe apprend la clarinette et la flûte au conservatoire. Dès l’âge de 15 ans, il manipule ces instruments pour leur faire faire de nouveaux sons. Il les tripatouille, il les bricole, il agrandit les trous ou en ajoute de nouveaux et modifie même leur colonne d’air !

À l’âge de 23 ans, il trouve la clef pour transformer la clarinette basse, la sienne sonne si bien qu’elle va être adoptée par la grande harmonie de Bruxelles ! Mais tout cela ne lui suffit pas, il va jusqu’à créer ses propres instruments. Un soir, dans une fête, au milieu de la cacophonie joyeuse de ses amis musiciens, il s’écrit en joignant le geste à la parole :

— Eh ! Si on mettait un bec de clarinette basse au bout d’un ophicléide ?

L’ophicléide c’est un énorme instrument de la famille des cuivres avec une embouchure comme la trompette alors que la clarinette basse fait partie de la famille des bois. Le mélange des deux donne un son proche de ce que Adolphe Sax a entendu en songe, il passe donc les jours suivants à travailler dessus. Mais trêve de blabla, pour expliquer cela, une chanson vaut toujours mieux qu’un long discours : 

Adolphe un fameux bricoleur
Faisait en connaisseur
Des instruments d’musique

Son père avait fait d’lui 
Un vrai petit génie
Pour les questions travaux pratiques

Il s'enfermait tout' la journée
Au fond d'son atelier
Pour fair' des expériences

Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en transe
En nous racontant tout

Je vous le dis tout net 
Sans me prendre la tête 
J’ai modifié la clarinette 

En un tour de passe passe 
J’ai donné la même classe 
A ma jolie clarinette basse 

J’ai déjà les honneurs 
Les médailles de vainqueurs 
Mais cela ne me suffit pas 

Une pince, un chalumeau 
Quelques coups de marteau 
Pour inventer le son nouveau

Bientôt c’est sûr je l’aurais 
Le vent vraiment presque parfait !

Bientôt, il a dans les mains cet instrument presque parfait, mais il lui manque encore un nom : Officlarinette ? Claricléïde ? Adolphe veut marquer l’histoire avec son nom. Ce sera le saxophone !

Il présente cette invention lors d’un concours. On lui refuse la médaille d’or parce qu’il est trop jeune. Mais il en faut plus pour l’arrêter. Il va à la rencontre d’Hector Berlioz. Ce grand compositeur est complètement enchanté par le saxophone et va composer la toute première pièce pour cette série d’instruments, Le chant sacré. Malheureusement, aujourd’hui, on n'a aucune trace écrite de cette musique… Voilà que le saxophone intervient, tu n’es pas d’accord ? Ah, toi et tes frères, vous l’avez gardé en mémoire ce morceau ? Vous voulez le jouer ? Voici, en exclusivité pour les podcasts Conte-moi la musique de la Philharmonie de Paris, le morceau disparu de Berlioz ! 

Tout cela permet à Adolphe Sax de connaître un grand succès. Cela dit, il attire des jalousies, de nouveau il lui arrive plein d’accidents, provoqués cette fois par de vils gredins qui veulent lui voler ses inventions. Il y survit encore. À la fin de sa vie, le saxophone est déjà un peu passé de mode et Adolphe Sax pense alors que cet instrument aura moins de succès que ses autres inventions.

Pourtant, peu de temps après la mort de celui que l’on surnommait le « petit fantôme », une nouvelle façon de jouer révolutionne la musique : le jazz ! Le saxophone y tient une place très importante… Puis au cours de l’histoire de la musique du XXe siècle, le saxophone va être utilisé dans des styles musicaux très variés, comme la musique classique, la musique contemporaine, le rock et même le punk. Aujourd’hui, on dit que le saxophone est le quatrième instrument le plus joué au monde après la guitare, le piano et la flûte. On dit qu’à chaque fois que la mélodie d’un saxophone crée des émotions, le petit fantôme d’Adolphe Sax n’est pas loin.

Albert Sandoz
  • Conte écrit et raconté par Albert Sandoz
  • Jaafar Aggiouri : clarinette, clarinette basse, saxophone alto, saxophone ténor, guitare, chant
  • Extraits musicaux : Improvisations clarinette, clarinette basse, saxophone alto ; Sextet jazz pour Berlioz ; Gary’son, Jaafar Aggiouri Saint Louis Blues, Louis Armstrong ; La Java des bombes atomiques, Boris Vian ; Boléro, Maurice Ravel ; Salut à toi, François Guillemot, Laurent Katracazos ; La panthère rose, Henry Mancini.