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Catherine Ringer - Dire la musique

Publié le 28 February 2025 — par Le Magazine

Rencontre avec Catherine Ringer, qui évoque ses débuts de chanteuse, ainsi que la trajectoire qui l’a conduite, avec Fred Chichin, de l’album Rita Mitsouko (1984) jusqu’à Variety (2007).

Dire la musique. Parole d'artiste. Un podcast de la Philharmonie de Paris. Catherine Ringer raconte les Rita Mitsouko. Propos enregistrés en juillet 2019.  

J'ai commencé ma carrière de chanteuse quand j'avais 17 ans, avec un musicien qui s'appelle Michel Puig, qui est un musicien de musique contemporaine, comme on dit. J'ai fait trois ou quatre ans de travail avec lui. Ça s'appelait du théâtre musical où on travaillait sur toutes les sonorités de voix qui n'étaient pas la voix classique de chant classique, opératique. Toutes les voix, les voix à l’envers, les cris, etc. Et j'ai eu la chance de travailler avec Iannis Xenakis, justement parce qu'il cherchait une voix qui lui rappelait les paysannes grecques. Donc des voix, des choses comme ça... Il était entouré de gens comme ça, donc il ne savait pas trop où trouver ça. Et on a eu la chance de se rencontrer. 

« Mitsouko » c'est inspiré d'un nom de femme de Music hall qui a un nom un peu amusant. Donc j'avais fait toute une liste à partir des parfums de Guerlain. Il y avait tout ca. Shalimar et tout puis Fred est tombé là dessus, m'a dit ce serait bien de prendre ça comme nom féminin, « tu sais, on va penser que c'est moi la chanteuse Rita Mitsouko ». Mais il a dit « c'est pas grave ». Du coup, on s'est finalement appelé les Rita Mitsouko tout en ayant une période où on s'appelait Rita. C'était lui, moi, Mitsouko. Mais c'était encore plus compliqué. 

Fred Chichin 

Oui, j'ai commencé à travailler pour faisant de la musique électroacoustique, donc en enregistrant des sons et en coupant les bandes pour faire du montage. Il a travaillé beaucoup avec Nicolas Frize et il faisait à la fois du rock avec sa guitare électrique et il était aussi passionné de synthétiseur à la fin des années 70, quand c'était pas du tout connu, il m'a raconté qu'il avait été un des premiers à ramener un EMS VCS3 de Londres et je ne sais pas si c'est vrai. Il faudrait demander à Jean-Michel Jarre, mais qu'il en avait ramené un pour lui et pour Jean-Michel Jarre. On pourrait dire qu'on a tous les deux on était très complémentaires puisque lui était un très très bon technicien à la fois pour tout ce qui était les innovations musicales. Comme je vous dis. Les enregistrements de Son. Après, il y a eu les sampleurs qui ont un peu reproduit cette façon de d'enregistrer les sons réels pour faire de la musique. Lui un ingénieur du son de plus en plus un guitariste. Et puis moi j'étais un peu instrumentiste. J'avais toujours jouer de la flûte à bec depuis que j'étais gamine. Un peu de claviers comme ça, mais toujours à très autodidacte. Lui aussi était autodidacte. On s'est bien retrouvé et on a formé. 

On peut dire qu'on était bien complémentaires puisqu'on faisait de la musique tous les deux de manière différente et on s'est unis pour. Avec moi qui faisait en plus les textes et lui, tout ce qui était prise de son disons toute la composition, les musiques, on les faisait tous les deux et avec chacun un peu sa spécialité. À l'époque, dans la région parisienne, il y avait très peu d'endroits où on pouvait jouer, donc moins forte. De mon expérience, disons le café-théâtre de spectacles musicaux où on pouvait avoir des bandes son qui vous accompagnait. Je vous ai dit on pouvait très bien avoir des parties, des parties de notre musique qui soient enregistrées. Et c'est là qu'on a commencé à vraiment tourner. Quand on était tous les deux, lui jouait de la guitare, moi je pouvais jouer un peu de clavier ou un peu de basse, et puis un magnétophone posé sur une chaise au milieu qui était un robot en fait. Et c'est là qu'on a commencé à avoir une carrière et à pouvoir jouer, à pouvoir vivre de ce qu'on faisait. On a souvent dit qu'on était des artisans. Oui, parce qu'en fait on bricolait un peu tout nous-mêmes et donc ça avait trait à l'artisanat. Effectivement, certaines chansons sont un peu mystérieuses au niveau texte et je crois que moi j'aimais bien ça, que ce soit pas si évident et que ce soit un petit peu caché que le côté gay et fleuri pouvait cacher quelque chose d'atroce ou de douloureux. Ça faisait partie de mon écriture et je trouve ça normal que plein de gens ne l'entendent pas parce que c'est aussi des choses qui se passent dans la vie. On peut passer à côté de la souffrance comme on peut passer aussi à côté de la joie. Donc dans mes textes, effectivement, il y a ce côté plusieurs facettes comme ça, une chanson comme Martyre, Bella parle des deux côtés, donc après on peut entendre l'un ou l'autre, le petit train aussi. Il faut faire attention pour capter certaines choses dedans, mais on capte d'autres choses, sinon les histoires d'amour finissent mal.

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