Grand amateur de musique, Basquiat possédait, dit-on, une collection de plus de 3 000 disques allant du classique au rock en passant par le zydeco, la soul, le reggae, le hip-hop, l’opéra, le blues et le jazz. Dans son atelier, plusieurs sources sonores pouvaient coexister simultanément. Cependant, la musique est loin d’avoir seulement formé une trame sonore à sa vie et à sa pratique. Commençant par une évocation, riche d’archives, des scènes musicales fréquentées par l’artiste à New York dans les années 1970 et 1980, l’exposition met en lumière ses expériences en tant que musicien et producteur de disque.
Explorant en détail son imaginaire sonore, elle examine les nombreuses références qui parsèment son travail, révélant combien la musique a informé ses représentations et influencé ses processus de composition. La façon dont Basquiat l’a inscrite dans ses œuvres témoigne, en outre, de son intérêt profond pour l’héritage de la diaspora africaine et de sa conscience aiguë des enjeux politiques liés aux questions raciales aux États-Unis. La musique apparaît ainsi comme une célébration de la créativité artistique noire tout en pointant les complexités et les cruautés de l’histoire. Elle offre une clé d’interprétation à une œuvre qui, dans son auto-invention, est parvenue à intégrer le beat d’une époque, le blues d’un peuple, le geste du sampling et les symphonies épiques d’une modernité mouvementée.
Basquiat Soundtracks, catalogue de l’exposition, Vincent Bessières, Dieter Buchhart, Mary-Dailey Desmarais (dir.), Éd. Gallimard, Paris, 2023.