Animées par des personnalités du monde musical, spécialistes du sujet, les CLÉS sont de courtes conférences qui préparent l'esprit et l'oreille à l'écoute d’une œuvre programmée dans le concert qui suit.

Une cour en Provence, une princesse enfermée, un père cherchant à empêcher sa fille de grandir… Ces ingrédients bien connus des amateurs de contes de fée sont au cœur du Iolanta de Tchaïkovski. Le destin de l’héroïne russe, née aveugle, aux yeux décillés par l’amour est d’abord celui d’une émancipation. Le bienveillant cocon du Roi René son père ne résistera pas à son souhait de vivre librement. Comme souvent à l’opéra, la magie sert de prétexte à une réflexion sur l’âge adulte et sur l’adieu déchirant à l’enfance. Iolanta ne fait pas exception ; Tchaïkovski esquisse là un somptueux portrait de femme où se laisse deviner sa lecture attentive de la condition féminine. À l’instar de Tatiana (Eugène Onéguine), contrainte d’ouvrir les yeux, de Clara (Casse-Noisette), victorieuse du pays des songes ou de La Belle au bois dormant réveillée par l’amour, Iolanta trouve dans l’affirmation de ses désirs la clef de l’âge adulte.

Musicologue, Charlotte Ginot-Slacik enseigne l’histoire de la musique et la culture musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon. Elle collabore avec de nombreuses institutions musicales telles que l’Orchestre national du Capitole de Toulouse où elle exerce les fonctions de dramaturge, l’Opéra de Lyon, l’Opéra de Paris et la Philharmonie de Paris... Ses recherches interrogent les liens entre musique et politique au XXe siècle, en particulier dans l’Italie fasciste (paru en 2019 chez Fayard, Musiques dans l’Italie fasciste en co-écriture avec Michela Niccolai).