De la simple découverte à l’approfondissement, les COLLÈGES permettent aux mélomanes d’enrichir leurs connaissances. Chaque cycle propose une série de conférences où la musique – populaire ou savante – est abordée dans son contexte historique, sociologique et esthétique.

Ce collège achève le périple autour de l’histoire de l’opéra. Aux XXe et XXIe siècles, le genre ouvre nombre de nouvelles perspectives et se révèle d’une extraordinaire diversité sur le plan scénique, dramatique et musical. Des séances « abc » permettent d’en comprendre les évolutions stylistiques, voire fractures esthétiques. D’autres mettent à l’honneur une œuvre du répertoire qui a marqué ou révolutionné l’histoire lyrique, et des séances thématiques cernent l’opéra contemporain et le foisonnement de ses futurs enjeux.

Composé en 1922 à partir de quinze fragments du Woyzeck (1836) de Georg Büchner, l’opéra Wozzeck a permis au compositeur viennois Alban Berg d’offrir au public un chef-d’œuvre où se mêlent effroi, tragique, humanité bouleversante et universalité. Premier grand succès de la nouvelle école de compositeurs réunie autour de la figure tutélaire de Schönberg, cet opéra multiplie et diversifie ses enjeux, et les temps musicaux eux-mêmes où le rideau doit se baisser ou se lever, ainsi que la vitesse de ces mouvements se voient spécifiés avec précision sur la partition ! Dans un effort de rigueur sans précédent dont l’exemple précédent donne un exemple frappant, l’immense technique bergienne parvient pourtant à se faire discrète et à se mettre au service du drame. Cette conférence s’attachera à en dévoiler les mystères, éclairant comment le meilleur de la tonalité s’y oppose à l’atonalité, les formes issues de la grande tradition s’y frottent aux trouvailles expressionnistes, et l’orchestre se voit confié de grandes fresques postromantiques autant que des épisodes chambristes, le tout magnifiant une inoubliable galerie de personnages, depuis Wozzeck, le capitaine, le docteur, le tambour major, Marie, et jusqu’à l’enfant du couple dont le destin malheureux briserait le cœur du plus insensible...

Claude Abromont enseigne l’analyse musicale et les théories de l’analyse au Conservatoire de Paris. Auteur de plusieurs ouvrages musicologiques (trois Guides Fayard-Lemoine, un Petit précis du commentaire d’écoute, un essai sur Berlioz édité par la Philharmonie et couronné du Prix France Musique des Muses, un Guide de l’analyse musicale, primé d’une Clé d’or Resmusica 2019) et d’un roman (Bayard, 2013), il est aussi membre du jury du Prix France Musique Claude Samuel.