Folklore subtil de Prokofiev, citations acidulées de Chostakovitch, imaginaire musical d’un Beethoven à la recherche d’une Arcadie champêtre : trois visages du matériau populaire se rencontrent sur cette affiche exceptionnelle.

Gorgée de liesse populaire mais aussi d’indicible mélancolie, l’Ouverture sur des thèmes juifs (1934) de Prokofiev, conçue à l’origine pour quatuor à la demande de musiciens juifs américains immigrés, est l’un des premiers – et des plus beaux – exemples de stylisation artistique de la musique klezmer.

Cette veine populaire passe aussi, mais plus sombrement, dans le Concerto (1959) de Chostakovitch, dont les quatre mouvements sont fondés sur une cellule musicale unique, encryptant le nom du compositeur. Toutes les possibilités expressives du violoncelle sont magnifiées dans cette œuvre passionnelle mais aussi sarcastique, où l’on entend des échos grinçants de Suleiko, une chanson aimée de Staline.

Populaire entre toutes, au double sens du terme, la Symphonie « Pastorale », de Beethoven (1908) s’aventure sur la voie de la musique descriptive : murmure du ruisseau, bruissement du feuillage, chants d’oiseaux sont rendus par les trilles, coups de tonnerre confiés aux timbales se succèdent pour animer un vibrant paysage sonore.