Pierre Boulez doit renoncer à diriger l’Orchestre de Paris mercredi 19 décembre, à la Salle Pleyel.

En raison de problèmes ophtalmologiques, Pierre Boulez est, à son grand regret, dans l’incapacité d’assurer les répétitions et de diriger ce concert.
Mikko Franck, qui dirige actuellement Rigoletto à l’Opéra de Finlande, a accepté de venir d’Helsinki pour diriger ce concert.
Le programme est inchangé.


Ravel ne connut pas immédiatement le succès comme compositeur symphonique. Loin s’en faut : sa Shéhérazade, une ouverture pour orchestre, resta d’abord totalement ignorée. C’est à peine s’il en sauva quelques fragments quand, cinq ans plus tard en 1903, il mit en musique trois poèmes de Tristan Klingsor sur ce même thème. L’orientalisme féérique un peu russe de la première mouture laissa place alors à une mélancolie profonde, dans des mélodies d’une troublante sensualité qu’il orchestra ensuite.
Une barque sur l’Océan et l’Alborada del Gracioso furent d’abord écrites pour piano en 1905. Ravel réalisa ensuite le tour de force de les orchestrer. Daphnis et Chloé fut composé pour les Ballets russes à Paris. Au même commanditaire, Stravinski avait livré l'Oiseau de feu deux ans plus tôt et rencontré un succès formidable. L’influence est sensible : le langoureux et le sauvage s'affrontent dans ce ballet. Le propos chorégraphique convenait parfaitement à Ravel dont l'orchestre est espace, survol, instant pétrifié ou action rapide, sanglots, vent, ruisseau. C'est un récit captivant plein de couleurs et de surprises, un abécédaire de l'orchestre, enluminé comme un livre d'heures.
Pierre Boulez n’avait que très rarement dirigé Ravel à l’Orchestre de Paris. L’occasion est donc à ne pas manquer : grand maître de la musique française, il plonge dans ces partitions en compositeur pour en révéler les trésors d’invention.