Interrogé sur le titre de son Mystère de l’instant (1989), Dutilleux répondait qu’on pouvait n’avoir écrit aucune œuvre spécifiquement religieuse sans manquer pour autant d’un « sens du sacré ». Et il citait aussi comme exemple son unique quatuor à cordes, Ainsi la nuit, créé en 1977.
 
Le mystère sacré auquel le compositeur fait allusion n’a pourtant rien d’explicite. Il loge dans les sonorités, dans les bruissements et résonances des timbres : autant d’aspects de la musique de Dutilleux qui, dès la première écoute, saisissent l’auditeur. Mais ce que le compositeur travaille aussi, en particulier dans ces deux œuvres, c’est la forme en tant qu’écriture de la mémoire : dans Ainsi la nuit, ce sont des anticipations ou réminiscences qui s’ouvrent comme des parenthèses ; dans le Mystère de l’instant, chaque moment musical est au contraire isolé.