Vraisemblablement composée en 1724, durant les six semaines du Carême, la Passion selon saint Jean est créée en l’église Saint-Nicolas de Leipzig (et non à Saint-Thomas où Bach était en poste) le 7 avril de cette même année, jour du vendredi saint. Comme pour d’autres œuvres sacrées d’envergure – la Passion selon saint Matthieu, la Messe en si et quelques autres–, Bach puise largement dans ses écrits antérieurs pour constituer le matériau de son grand œuvre : il reprend ainsi des airs et récits de certaines de ses cantates, qu’il arrange et adapte – constituant ce qu’on pourrait presque appeler aujourd’hui un « Best of ». L’édifice est pourtant parfaitement équilibré, et il règne du début à la fin, non seulement une ferveur religieuse intense et inspirée, mais aussi un souffle quasi théâtral. Dans le rôle de Jésus, le grand chef japonais Masaaki Suzuki, fondateur et directeur musical du Bach Collegium Japan, retrouve Peter Kooij : cette basse majestueuse, et grande référence du rôle, au concert comme au disque, a été son compagnon fidèle durant l’enregistrement depuis 1995 de l’intégrale des cantates du Cantor de Leipzig avec le Bach Collegium Japan…