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Formes brèves / formes longues
du 18 au 28 avril 2009
Toute la programmation

Epopée Ramayana III

Théâtre kathakali (Inde du Sud)
Concert
adulte
Cité de la musique - Salle des concerts

Distribution

Troupe des artistes de Ekathara Kalari
Ravi Gopalan Nair , direction artistique
« Le kathakali est l’expression théâtrale la plus connue et sans doute la plus spectaculaire de l’Inde », écrit l'ethnomusicologue Laurent Aubert. Ses sources, explique-t-il encore, remontent non seulement aux théâtres kutiyattam et krishnattam, mais également à différentes formes de rituel spectaculaire d’offrandes votives propres à la région du Kerala (comme le mutiyettu et le teyyam). Les thèmes du kathakali sont toujours empruntés au Ramayana, au Mahabharata et aux Purana, les chroniques de l’Inde ancienne.

Afin de représenter les dieux et les démons mythologiques avec la force expressive requise, le kathakali met en oeuvre nombre d’artifi ces théâtraux et travaille d’autant plus l’apparence des personnages qu’ils sont muets. Les acteurs, en effet, ne parlent pas, la narration étant confi ée aux récitantschanteurs, accompagnés par un jeu des tambours. L’expressivité des rôles est ainsi confi née à la dimension visuelle, selon une symbolique savamment codifiée à laquelle participent la gestuelle, la danse, les comportements stylisés, les costumes aux couleurs vives ainsi qu’un art du maquillage unique, donnant aux héros une apparence surhumaine. Grâce à ces conventions, le connaisseur peut reconnaître les personnages et les inscrire dans une typologie selon les mérites et qualités (guna) de chacun, conformément à la philosophie hindoue qui distingue trois tendances fondamentales de l’être humain : sattva, à savoir la pureté, la vertu, le caractère spirituel et lumineux (tendance « ascendante » représentée par le dieu Vishnou) ; rajas, à savoir les passions, l’activité et l’énergie manifestées par Brahma ; tamas, à savoir la passivité, les forces obscures et « descendantes » liées à Shiva sous son aspect destructeur.

Le maquillage des acteurs peut durer de quatre à cinq heures, devenant ainsi un véritable rituel préliminaire permettant d’entrer dans la peau du personnage. Car l’acteur, offi ciant d’une cérémonie plutôt que protagoniste, s’efface complètement devant l’archétype que son personnage incarne : céleste, héroïque ou chthonien. Chaque couleur, chaque pâte, chaque onguent est patiemment appliqué par des experts, contribuant à l’efficacité de la métamorphose. La couleur verte représente de façon générale les personnages « sattviques », nobles et vertueux, comme Krishna, Arjuna ou Rama et ses frères ; le rouge, « rajasique », indique ceux qui, bien que pouvant posséder un caractère héroïque, sont gouvernés par leurs passions, leur arrogance et leur égocentrisme, tels Ravana ou Duryodhana ; le noir, couleur « tamasique », est pour sa part réservé aux démons et aux êtres méprisables qui peuplent les récits mythologiques. Pour certains personnages, le maquillage est en outre complété par différents accessoires destinés à modifier la forme du visage. Quant aux personnages féminins, ils sont généralement maquillés avec des teintes ocre ou safran.

La représentation a lieu en plein air et dure une nuit entière. Elle commence par un appel des tambours, tandis que l’on allume une grande lampe à huile au centre de l’espace scénique, dont elle constituera l’unique éclairage, marquant le point focal de l’action dramatique. Le jeu des percussions se prolonge ensuite de façon insistante, contribuant en quelque sorte à mettre les participants dans un état second et à rompre leur perception du temps ordinaire, pour favoriser leur accès à un temps rituel.

Le décor n’existe pas dans le kathakali : les différents espaces où se déroule l’action sont simplement suggérés par le jeu des acteurs. L’unique accessoire scénique est un rideau, tenu par deux hommes au centre de la scène, derrière la lampe.

Après un prélude de bon augure et une sonnerie de conque, les premiers personnages apparaissent de derrière le rideau. Il s’agit souvent d’un couple d’amants divins qui, après une scène d’amour plus ou moins conventionnelle, introduisent progressivement l’épisode choisi pour la représentat

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