Conférence
Les dernières sonates de Beethoven
et les bénéfices secondaires de la surdité
Après Dieu, Ludwig van Beethoven est le sourd le plus célèbre de tous les temps, et c’est là une image qui lie inextricablement l’histoire réelle de sa maladie et le mythe du grand homme face à l'adversité. Le Testament de Heiligenstadt, de 1802, est à cet égard le document fondateur, suivi par la composition de la Sonate pour piano n°17 La Tempête op. 31 n°2. La forme sonate y est soumise à une déconstruction audacieuse, qui annonce celle des dernières oeuvres pour piano, composées alors que sa surdité était presque totale. Du temps suspendu de l’adagio de la Sonate n°29 Hammerklavier op. 106 (1817-1819) à la conclusion évanescente de la Sonate n°32 op. 111 (1820-1822), les innovations formelles de ces années sont au coeur de l’élévation du « style tardif » de Beethoven au rang de paradigme absolu du génie créatif. Et même s’il est impossible de savoir ce qu’il aurait composé s’il n’était pas devenu sourd, depuis le XIXe siècle il est courant d’y voir la preuve de ce qu’on peut appeler les « bénéfices secondaires de la surdité », autrement dit, de l’idée que Beethoven fut grand non pas malgré sa surdité mais bien grâce à elle.
Intervenants
- Esteban Buch, conférencier
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