La pianiste russe Elisabeth Leonskaja fêtera en novembre 2015 ses soixante-dix ans. Elle nous plonge dans l'inquiétude beethovénienne, convoque le jeune Brahms avant d'explorer la modernité webernienne.

A chacune de ses apparitions, la grande artiste russe, noblesse des sentiments incarnée et sensibilité frémissante, prend soin de proposer, avec générosité, un programme toujours différent. Son récital débute par une page étonnante - et rarement jouée - de Beethoven, la Fantaisie op. 77, qui s’ouvre subrepticement par deux traits vertigineux descendants et se poursuit avec une totale liberté, suivant les vagabondages d’une imagination fertile. La Sonate "La Tempête", une des plus lyriques de son auteur, continue en terrain connu. Aux énigmatiques rébus musicaux signés Webern répond la Troisième Sonate de Brahms, ample déploiement symphonique nécessitant un virtuose poète. Elisabeth Leonskaja appartient indéniablement à cette race de pianistes.