Tandis que Beethoven embrase sa Symphonie n° 7 d’une énergie qui jamais encore n’a fait palpiter l’orchestre de manière aussi exclusivement rythmique, Strauss développe un orchestre gigantesque devenu, à la fin du XIXe siècle, emblématique du romantisme allemand.

Associé, lors de sa création en 1813, à la première exécution de La Bataille de Vitoria du même auteur, qui fait résonner pour les Viennois la défaite de la Grande Armée napoléonienne, l’Opus 92 de Ludwig van Beethoven a le goût de la victoire. Le deuxième mouvement, le plus célèbre encore aujourd’hui, est bissé, et le succès total, malgré la direction approximative du compositeur isolé dans la surdité. Cette symphonie exalte le rythme comme principale force motrice, ce qui fera dire à Weber que son compositeur est « mûr pour l’asile », et à Wagner qu’elle est « l’apothéose de la danse ».

Si le seul prélude d’Ainsi parlait Zarathoustra suffit à évoquer le générique de 2001, l’Odyssée de l’espace de Kubrick, l’œuvre entière mérite considération. Elle témoigne de la vision large et exigeante d’un compositeur de 28 ans, héritier de Beethoven et de Brahms, dilatant à l’extrême la forme du poème symphonique empruntée à Liszt. L’ouvrage de Nietzsche lui inspire un orchestre très généreux dans ses effectifs, dans la ferveur de son expression comme dans la variété de ses climats.