La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.
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Les extraits d’Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss sont interprétés par le London Symphony Orchestra dirigé par François-Xavier Roth. Concert enregistré à la Philharmonie de Paris le 20 novembre 2018.
Retrouvez l’intégralité du concert sur Philharmonie à la demande.
Cette musique, on la doit à Richard Strauss. C’est en 1896 que le compositeur allemand se lance dans la composition d’Ainsi parlait Zarathoustra. Il a alors 32 ans et connaît déjà la célébrité. En moins de 10 ans, il a écrit plusieurs poèmes symphoniques : Don Juan, Macbeth, Till l’espiègle ou encore Mort et Transfiguration.
Très en vogue au XIXe siècle, le poème symphonique est un genre destiné à l’orchestre qui s’inspire d’un sujet non musical, par exemple littéraire, historique ou philosophique. Avec Strauss, c’est l’âge d’or du poème symphonique. Il pousse le genre à son paroxysme, le rend plus riche, plus coloré, plus flamboyant qu’il ne l’a jamais été, et lui donne une intensité sonore nouvelle.
À chaque poème symphonique, Strauss adopte un ton différent : raffiné et éclatant dans Don Juan, malicieux et railleur dans Till l’espiègle. En ce qui concerne Ainsi parlait Zarathoustra, Strauss puise dans la philosophie. L’œuvre s’inspire d’un poème en prose de Friedrich Nietzsche, penseur très à la mode chez les compositeurs allemands. Strauss n’est pas le seul à s’y intéresser, il marche dans les pas de Richard Wagner…
Pour éviter toute critique, Strauss précise à propos de son œuvre : « Je n’ai pas voulu écrire de la musique philosophique, ni traduire musicalement la grande œuvre de Nietzsche. Je me suis proposé de tracer un tableau du développement de la race humaine depuis ses origines [...] jusqu’à la conception nietzschéenne du Surhomme. Tout le poème symphonique est pensé comme un hommage au génie de Nietzsche, qui trouve sa plus haute expression dans son ouvrage Ainsi parlait Zarathoustra. »
Ainsi parlait Zarathoustra est constitué d’un prélude et de huit parties enchaînées, en un mouvement. On utilise le terme de durchkomponiert pour désigner ce principe de composition continue. C’est-à-dire qu’il existe un flux ininterrompu entre les différentes parties.
Ainsi parlait Zarathoustra s’ouvre par une introduction grandiose et solennelle, qui évoque le lever du jour. Les deux thèmes qui vont dominer l'œuvre sont déjà présents : celui de la Nature, en ut majeur, et celui de l’Homme – ou de l’Esprit humain –, en si mineur, évoquant ses questionnements et ses aspirations.
Les huit sections suivantes empruntent leur sous-titre à Nietzsche. La première, intitulée « De ceux des arrière-mondes », de caractère très lyrique, nous fait entendre le motif de l’Homme. Elle évoque les « mondes cachés », la religion, première source d’interrogation face aux mystères de l’univers. La deuxième section, « De l’aspiration suprême », reprend le thème de la Nature. La troisième, « Des joies et des passions », est une page tortueuse et tourmentée. Après avoir aspiré à la Nature, l’Homme retombe dans le monde des passions. Le « Chant du tombeau » et « De la science », les quatrième et cinquième parties, mêlent les motifs de l’Homme et de la Nature. La figure du Surhomme apparaît dans la section suivante, « Le Convalescent ». Enfin, l’âme se libère de son ignorance.
Suivent encore deux parties : « Le chant de la danse » et « Le chant du voyageur de la nuit ». À leur issue, Zarathoustra aspire à l'Éternité. La lumière prend le pas sur les ténèbres. Mais sa tranquillité est de courte durée puisqu’à la fin de l'œuvre, le thème de la Nature se fait à nouveau entendre… Serait-ce le début de nouvelles interrogations ?
Après Zarathoustra, Strauss reviendra au poème symphonique, d’abord avec Don Quichotte, un an plus tard, puis avec Une vie de héros. Il ne cessera alors de questionner et d’expérimenter le genre. Ses recherches le mèneront ensuite à ses deux grands opéras, Salomé et Elektra, au début du XXe siècle.