Les talents d’Évangéliste de Ian Bostridge ne sont plus à prouver : il les conjugue cette fois avec les Talens Lyriques de Christophe Rousset, pour une Passion selon saint Matthieu exceptionnelle.

« S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu », écrit Cioran. C’est particulièrement le cas cette œuvre quintessentielle qu’est la Saint Matthieu. Comme pour d’autres musiques sacrées d’envergure, Bach puise dans ses écrits antérieurs pour en constituer le matériau : ainsi du célèbre Erbarme Dich, dont le thème, esquissé dans des pièces profanes et des cantates, prend ici sa forme la plus aboutie, pour illustrer les pleurs amers de Pierre après son reniement. L’édifice est pourtant parfaitement équilibré : il y règne une ferveur religieuse intense en même temps qu’un indéniable souffle théâtral. « Cette Passion nous fait vivre une histoire incroyablement humaine et nous ramène à nos plus profondes aspirations », déclare Ian Bostridge.