Philharmonie de Paris - Page d'accueil Philharmonie de Paris - Page d'accueil

Babel : la diversité des langues
du 25 septembre au 3 octobre 2009
Toute la programmation

Apocrifu

Concert
Cité de la musique - Salle des concerts

Distribution

Ensemble vocal A Filetta
Sidi Larbi Cherkaoui , danse, chorégraphie
Dimitri Jourde , danse
Yasuyuki Shuto , danse
Herman Sorgeloos , scénographie
Dries Van Noten , costumes
Luc Schaltin , lumières
Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphe belge, figure majeure de la danse contemporaine, s’associe au groupe vocal corse A Filetta, connu pour ses belles interprétations de chants polyphoniques traditionnels, dans ce spectacle qui met en scène la fascination et la puissance des écrits religieux. En effet, ce sont des livres qui occupent l’espace scénique, sorte de bibliothèque mondiale où gisent des ouvrages écrits dans tant de langues. À côté d’un grand escalier évoquant la tour de Babel ou l’échelle de Jacob, ces volumes sont presque des personnages à part entière, à l’égal des sept chanteurs corses habillés de noir ou des deux danseurs qui s’associent à Cherkaoui lui-même, pour interpréter des solos, des duos et des trios. Yasuyuki Shuto, qui s’est formé au ballet de Tokyo, a également fait partie de la troupe de Béjart, tandis que Dimitri Jourde est issu du monde du cirque. Avec Cherkaoui, ils inventent ainsi des figures inouïes, formant avec leurs têtes collées et leurs corps enchâssés des organismes composites qui ressemblent parfois à une toupie humaine. Tantôt, l’un d’eux danse ainsi un combat singulier ou un corps-à-corps avec un écrit : un exemplaire du Coran, par exemple, qu’il garde ouvert entre ses doigts et qui s’abat brutalement sur son visage, lui occultant la vue. Tantôt, au contraire, les danseurs semblent ne faire plus qu’un, lisant ensemble avec six bras, comme une divinité orientale. Il arrive aussi que les trois danseurs emportent dans leurs mouvements un mannequin de bois qui reposait là, comme endormi. « On lui insuffle la vie mais il nous repousse », raconte Cherkaoui, qui dit adorer les marionnettes, symboles de « l’innocence absolue ». Comme ce pantin qui semble diriger les vivants, les livres aussi sont une matière morte sur le point de ressusciter pour exercer leur pouvoir. Car l’écrit – qu’il s’agisse de la Bible ou du Coran – « a ce pouvoir de nous aveugler, de nous autoriser à condamner, à rejeter », affirme Cherkaoui. Ou peut-être est-ce l’écriture sainte elle-même qui, comme le suggère le titre du spectacle (Apocrifu), se constitue à partir de tels rejets : « Les apocryphes, ce sont les évangiles qui ont été rejetés par l’Église. Pour moi, c’est le symbole de tout ce qui est rejeté. J’ai voulu créer une danse, une sorte de communauté homéopathique où tout a sa place, où il n’y a pas de déchets. » Cette communauté qui cherche difficilement sa voie vers une foi plus hospitalière est portée par le chant. Un chant qui fait résonner, dans la pureté de l’interprétation de A Filetta, aussi bien des fragments de la liturgie que des textes écrits pour l’occasion en langue corse.
Commande et production du Théâtre de la Monnaie / De Munt (Bruxelles)