Des Métamorphoses de Strauss, sa dernière partition d’orchestre écrite en 1945, on a  souvent dit qu’elles avaient été conçues comme une musique de deuil pour Munich et son ancien opéra détruit sous les bombardements, voire comme  une épitaphe (in memoriam, dit la partition) pour une culture  allemande moribonde. Une autre source d’inspiration de cette « étude  pour vingt-trois cordes solistes » pourrait être Goethe, l’auteur de la Métamorphose des plantes.

Mais chez Strauss comme chez Ligeti (dont les Métamorphoses nocturnes datent de 1954, avant que le compositeur ne quitte la Hongrie), le processus métamorphique concerne avant tout le devenir des motifs et des harmonies. Ou celui du langage lui-même qui, dans l’op. 5 de Webern, semble en pleine transformation, tiraillé entre le romantisme de  certains gestes et une tendance à l’abstraction combinatoire.