Rafael Frühbeck de Burgos, encore convalescent à la suite d’une intervention chirurgicale, se voit contraint de renoncer à sa venue à Paris pour diriger ces concerts. C’est la jeune chef mexicaine Alondra de la Parra, déjà très demandée aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Allemagne et au Japon, qui le remplacera.
 
L’importance de renouer avec le chant populaire relie le Deuxième Concerto pour piano de Chopin – dont on sait l’attachement à sa terre polonaise –, le Capriccio espagnol de Rimski-Korsakov, les deux suites du Tricorne de Falla et le Danzón n° 2 de Márquez, hymne jubilatoire aux danses sud-américaines.
Rimski-Korsakov, un temps officier de marine et qui séjourna à Cadiz, composa avec son Capriccio espagnol une suite de danses populaires, dessinant une Espagne bien russe, sur un tapis de cordes, et d’une pâte très symphonique.
Manuel de Falla compose son Tricorne pour les Ballets russes installés à Londres en 1919. Sa composition est nerveuse, rythmique, ethnologique presque. Les suites de concert qu’il en tire sont organisées en courtes séquences – conception moderne qui accentue l’âpreté de l’évocation.
Au centre du programme, une incursion chez Chopin, un monde en soi, avec son Second Concerto, écrit à vingt ans à peine, juvénile, exquise pâmoison de broderies délicates, comme inventées à l’instant, traversé pourtant de réveils fulgurants. Et Nikolai Lugansky est depuis toujours un interprète inspiré de Chopin.