Faire rire sans verser dans le puéril : c’était l’intention de Camille Saint-Saëns lorsqu’il composa Le Carnaval des animaux en 1886. Il fut mal compris, d’ailleurs, et, face aux critiques qui lui reprochaient son manque de sérieux, il en interdit toute exécution publique de son vivant. Et pourtant, la musique peut être fantaisiste, voire fantasque et fantastique, sans préjudice pour le sérieux et la rigueur de l’écriture, comme le démontrent sans conteste les œuvres au programme de ce concert. L’Apprenti sorcier est ainsi un conte musical fantastique d’après le poème Der Zauberlehrling de Goethe. Le Boléro cache sous ses airs espiègles des trésors d’orchestration. Quant aux Tableaux d’une exposition, Moussorgski n’aurait su rendre plus bel hommage à son ami, le peintre, architecte et metteur en scène Viktor Hartmann, mort subitement en 1873 à l’âge de 39 ans.
Venu du baroque, Jos van Immerseel a bien retenu les recettes organologiques et musicologiques concoctées par ses amis baroqueux. Avec Anima Eterna Brugge, il les applique avec bonheur, depuis plus de vingt-cinq ans, à tous les répertoires. Nul doute que l’humour et le fabuleux qui irriguent ce concert n’en réjouiront que mieux petits et grands.