Depuis l’arrivée de Matthias Pintscher, l’Ensemble intercontemporain s’est lancé dans une démarche de réinvention radicale des formes du concert. Pour celui-ci, ils font appel au metteur en scène allemand Alexander Fahima ainsi qu’au plasticien et scénographe germano-hongrois Nándor Angstenberger.

Désireux de faire « l’expérience de l’entre-deux », leur choix s’est porté sur des œuvres qui explorent les limites, parfois extrêmes, du son. Dans Anahit, poème lyrique dédié à Vénus de Giacinto Scelsi, ce sont les limites de la perception, en lisière du silence. Dans Art of Metal II, écrit spécifiquement pour Alain Billard et la clarinette contrebasse en métal qu’ils ont mise au point ensemble, Yann Robin affronte bravement les frontières de la saturation, tandis que Helmut Lachenmann oublie dans Guero le territoire de jeu habituel du piano pour en tirer toutes sortes de bruits — une démarche qu’Aureliano Cattaneo prolonge dans Corda, en faisant appel à l’électronique. Dans Mouvement (– vor der Erstarrung) du même Lachenmann, c’est vers le seuil du passage de la vie à la mort, que l’on s’aventure. À l’agencement des œuvres répond la structure organique d’une sculpture tissée à la main, qui tient à la fois de la toile d’araignée des souvenirs et du cocon annonciateur — comme ces voiles sur lesquels travaille Cy Twombly dans son fameux Treatise on the Veil qui a inspiré une série d’œuvres à Matthias Pintscher.