Così fan tutte a été créé à Vienne, le 26 janvier 1790. Il a été conçu tandis que résonnaient encore les échos de la prise de la Bastille et de la « grande peur » d’août 1789. À première vue, l’oeuvre ne semble rien en savoir : les gestes mozartiens d’inspiration explicitement révolutionnaire, s’il y en a, seraient plutôt à chercher dans ses Noces de Figaro ou dans son Don Giovanni refusant la loi jusqu’à la mort.
Così fan tutte, au contraire, semble être un joyeux badinage sentimental qui, par une mise à l’épreuve de la fidélité, par des quiproquos et des travestissements sans cesse relancés, finit par réaffirmer les joies du mariage.
Pourtant, l’oeuvre pourrait aussi être lue autrement. Certains ont pu y voir une sorte de contrepoint sombre à l’idéal des Lumières, notamment par l’indéniable sadisme qui fait de l’être humain un simple pion au sein d’un jeu de rôles. Mais surtout, dans les relations de pouvoir qui structurent le jeu amoureux, ce ne sont pas toujours les plus puissants qui gagnent…