Schubert est mort le 19 novembre 1828, à l’âge de trente et un ans. C’est dans les derniers mois de sa vie que, outre ses trois Klavierstücke, il écrivit les lieder que son frère réunira de façon posthume sous le titre de Schwanengesang (« Chant du cygne »).
Rien ne permet de supposer que cet ensemble fut conçu pour être publié en un même recueil. Les sept premiers chants sont sur des poèmes de Rellstab, avec une écriture pianistique intensément évocatrice : le ruissellement de l’eau dans Message d’amour, le rythme martial de Pressentiment du guerrier, la guitare stylisée de la Sérénade… Suivent six poèmes de Heine, qui venaient de paraître l’année précédente (1827) en un cycle intitulé Le Retour. Là encore, le piano semble être porté à ses propres limites par l’expression du texte : ce sont des trémolos et de lourds piliers à la basse qui suggèrent la douleur du monde que porte le géant dans Atlas, tandis que l’apparition rêvée de Son visage, ainsi que celle du « blême compagnon » dans Le Double, suscitent une extrême raréfaction dans la texture.