De la simple découverte à l’approfondissement, les COLLÈGES permettent aux mélomanes d’enrichir leurs connaissances. Chaque cycle propose une série de conférences où la musique – populaire ou savante – est abordée dans son contexte historique, sociologique et esthétique.
Ce collège achève le périple autour de l’histoire de l’opéra. Aux XXe et XXIe siècles, le genre ouvre nombre de nouvelles perspectives et se révèle d’une extraordinaire diversité sur le plan scénique, dramatique et musical. Des séances « abc » permettent d’en comprendre les évolutions stylistiques, voire fractures esthétiques. D’autres mettent à l’honneur une œuvre du répertoire qui a marqué ou révolutionné l’histoire lyrique, et des séances thématiques cernent l’opéra contemporain et le foisonnement de ses futurs enjeux.
D’emblée, l’opéra est né de nos lectures de la tragédie grecque. Philologues, les théoriciens de la Renaissance italienne proposèrent une définition des arts libéraux dans laquelle s’inscrivirent la première reprise moderne d’Œdipe roi de Sophocle et la création de L’Orfeo de Monteverdi. Or, Aristote écrivait dans sa Poétique : « Le principe et si l’on peut dire l’âme de la tragédie, c’est l’histoire. » De cette histoire, de la fable, de l’intrigue ou de ce que les plateaux de télévision d’aujourd’hui appellent le pitch, nombre d’opéras ou d’anti-opéras de la fin du xxe siècle sont une critique radicale, renouant avec une lecture idéaliste et spéculative de la tragédie grecque, ou s’inspirant du théâtre immobile et silencieux de Samuel Beckett. De Morton Feldman à Luigi Nono, le renoncement à l’intrigue, la dislocation des personnages, indifféremment confiés à des solistes ou à des chœurs, voire à des instruments, l’avènement d’une scène sans histoire ou d’une tragédie sans action ouvrent notre écoute à une autre dramaturgie. Cette écoute y pourfend l’essence de la représentation, exaspère l’interdit de l’image et entend établir un dialogue entre une Poésie et une Pensée. Sur une scène d’où les dieux se sont absentés, le héros que nous accompagnerons chemine sans but, ni voie bien tracée, mais d’un événement à l’autre, créant ainsi un lieu hypnotique et fascinant de l’errance.
Après des études à la Sorbonne, à l’École des hautes études en sciences sociales et au Conservatoire de Paris, Laurent Feneyrou est boursier Lavoisier du ministère des Affaires étrangères, conseiller pédagogique à l’Ircam, puis conseiller musical auprès de la direction de France Culture. Actuellement chargé de recherche (CNRS) à l’Ircam, il est membre de l’Académie Charles Cros et du Conseil scientifique de la Fondazione Levi (Venise), secrétaire de la Fondation Salabert et de L’Instant donné, et trésorier de l’Association Jean Barraqué. Éditeur de nombreux écrits de compositeurs et auteur de livres sur Luigi Nono et sur Helmut Lachenmann, il a dirigé des ouvrages collectifs sur Bruno Maderna, sur Salvatore Sciarrino, sur l’opéra et le théâtre musical modernes et contemporains, sur les relations entre musique et politique, sur l’analyse musicale et, avec Nicolas Donin, sur les théories de la composition.
Salle de conférence - Philharmonie
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