En récital, Maria João Pires entre en résonance avec le public, et cela contribue à donner à ses concerts une qualité particulière. Elle propose un séduisant programme germanique, de la miniature schumannienne à la grande forme beethovénienne.

La pianiste portugaise a confié récemment avoir attendu ses 70 ans pour aborder l’Opus 111 de Beethoven, un compositeur qui fait pourtant partie de son répertoire de prédilection, comme Schubert. Pour Maria João Pires, l’important, c’est « la musique d’abord. Pas la course à la notoriété, la technique, la puissance ou la vitesse », confie-t-elle à Sylvie Bonier. Et elle ajoute : « La compétition tue la créativité ». Sa créativité, nourrie de rigueur et de discipline, emporte l’adhésion : son jeu est une sorte d’épure sans affectation, mais d’une grande puissance expressive. Elle était censée quitter définitivement la scène en 2018 : les mélomanes ne peuvent que se féliciter qu’elle ne l’ait pas fait.  Ce récital, qui mêle élans poétiques et évocations visuelles, plonge l'auditeur dans la rêverie schumannienne et permet d'entendre deux grandes sonates de Beethoven.