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Un don de taille pour la collection du Musée

Publié le 10 janvier 2020 — par Jean-Philippe Échard

— Quatuor à cordes miniature au Musée de la musique - © J-P Échard

Grâce à la générosité de Jean Werro, luthier à Berne en Suisse, un quatuor à cordes miniature fait son entrée au Musée de la musique.

En 2019, le luthier suisse Jean Werro a offert au Musée de la musique un ensemble important pour la collection… malgré ses toutes petites dimensions. Il s’agit d’un quatuor à cordes miniature complet (deux violons, un alto et un violoncelle) réalisé par le luthier Paul Blanchard à Lyon en 1892, que nous présentons pour la première fois au public, quelques mois après son entrée en collection (numéros d’inventaire E.2019.3.1-13).

— Le quatuor miniature - © C.Germain

Paul François Blanchard (Mirecourt, 1851-Lyon, 1912) serait notamment passé par l’atelier de Jean-Baptiste Vuillaume à Paris, avant de s’installer à Lyon en 1876. Il remporta plusieurs prix de lutherie et obtint la charge de luthier du Conservatoire de Lyon. Parmi les quelque 1200 instruments sortis de son atelier, ses propres réalisations portent, selon René Vannes, l’étiquette « Fait par Paul Blanchard / P. B. à Lyon en l’an 18… No… ». À la suite des frères Silvestre (dont la collection du Musée compte plusieurs instruments), il fut le plus important représentant de la lutherie lyonnaise de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Accompagné de tous les accessoires, cet ensemble d’instruments est tout à fait exceptionnel : les violons mesurent moins de 14 centimètres de long et les baguettes des archets font moins de 3 millimètres de diamètre ! Chaque instrument est fabriqué exactement comme un instrument de taille normale : il est constitué de toutes les pièces usuelles – table d’harmonie, fond en deux pièces, filets incrustés, chevalet, chevilles à pointes dorées, âme –, assemblées suivant les techniques traditionnelles de la lutherie.

— Détail du chevalet - © C.Germain

La miniaturisation est peut-être encore plus remarquable en ce qui concerne les archets. L’assemblage des crins dans les très fines mortaises de tête et le mécanisme vis/écrou qui permet d’ajuster la position de la hausse et la tension de la mèche évoquent un travail de précision proche de l’horlogerie. Paul Blanchard a même signé les instruments, y apposant étiquettes numérotées (numéros 283, 285, 286 et 287) et marques au fer, à l’échelle évidemment !

Grâce à la générosité de son donateur, cet ensemble vient enrichir la collection de témoignages matériels exceptionnels de l’excellence des savoir-faire de la lutherie.