La série Les Clés du classique nous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.
Les extraits de la Symphonie n° 40 de W. A. Mozart sont interprétés par l'Orchestre Philharmonique de Radio France, sous la direction de Myung-Whun Chung. Ce concert a été enregistré à la Cité de la musique à Paris, le 14 avril 2004.
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Retrouvez l'intégralité de la Symphonie n°40 sur Philharmonie à la demande.
Depuis 1781 et son installation à Vienne, Mozart a mis le genre symphonique de côté. En sept ans, il n’a écrit que quatre symphonies. Changement de rythme radical pendant l’été 1788! Entre juin et août, il compose coup sur coup ses trois ultimes symphonies. Celle en mi bémol majeur, la 39e;la 40e, en sol mineur et la 41e, la Symphonie « Jupiter », en do majeur. Trois véritables chefs-d'œuvre.
En 1788, Mozart a 32 ans. C’est une période de création intense. Pendant ce même été 1788, il compose par exemple l’Adagio et fugue, la Sonate pour piano n° 16 (dite) « facile », et ses Trios n° 5 et 6 avec piano. Pourtant, ce n’est pas la grande forme pour Mozart: les dettes s'accumulent et le public commence à le bouder. Et, pour ajouter à ses malheurs, sa petite fille de 6 mois, Theresia, meurt fin juin.
En ce qui concerne notre Symphonie n°40, c’est la deuxième fois que Mozart choisit la tonalité de sol mineur, après la n°25, composée 15 ans plus tôt, alors qu’il n’a pas encore 18 ans. Que de progrès depuis! L'orchestration est maintenant beaucoup plus raffinée et flamboyante:pas de trompettes, ni de timbales. Et dans la deuxième version, celle qui est le plus souvent jouée, Mozart ajoute des clarinettes, apportant ainsi des sonorités plus chaudes, plus suaves.
Par son urgence, ses accents pathétiques et désespérés, l’œuvre se teinte déjà de couleurs romantiques, semblant ouvrir la voie à Beethoven. La Quarantième est la plus dramatique des symphonies de Mozart, et c’est sans doute à cette puissance émotionnelle que l’œuvre doit son succès.
La symphonie s’ouvre par un allegro fiévreux, sans doute le plus populaire de Mozart. Le thème, haletant, est énoncé aux violons et soutenu par un accompagnement en croches à l’alto, ce qui crée d’emblée une tension.
L’agitation initiale s’apaise lors de l’Andante, mouvement lent, écrit dans la douce et lumineuse tonalité de mi bémol majeur. Les différents instruments entrent les uns à la suite des autres, en imitation, d’abord à l’alto, puis aux violons. Après des débuts sereins, l’angoisse semble regagner ce deuxième mouvement lors du développement du thème principal, qui se teinte alors de couleurs plus sombres.
Vient ensuite le Menuetto, vigoureux et énergique. Le trio central sera un nouveau moment d’apaisement, mais de courte durée car il sera vite balayé par le retour du thème, très affirmé, rappelant à l’auditeur la tension inhérente à cette Quarantième Symphonie.
Le dernier mouvement, noté Allegro assai, n’est que fièvre et violence. Aucun moment de répit entre les enchaînements de tonalités – surtout dans la partie centrale. La vivacité du tempo offre un flot continu de croches.
Mozart souhaitait probablement créer cette symphonie à Vienne. Selon certains, il n’y aurait pas de trace d’exécution de son vivant. Pour d’autres, elle aurait peut-être été jouée à Leipzig en 1789, ce qui pourrait expliquer son remaniement en 1791 avec l’ajout de la partie de clarinette.
Après la tragique Symphonie n° 40, la lumière reviendra dans la Jupiter, symphonie victorieuse, composée seulement deux semaines plus tard.