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Les Clés du classique #30 - Le Concerto pour piano n° 1 de Chopin

Publié le 15 mars 2023 — par Charlotte Landru-Chandès

Été 1830. Frédéric Chopin n’a que 20 ans quand il se lance dans l’écriture d’un concerto pour piano, sommet de romantisme et de virtuosité pianistique.

La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits du Concerto pour piano n° 1 de Chopin sont interprétés par l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Myung-Whun Chung avec Sergio Tiempo au piano. Concert enregistré le 15 octobre 2010 à la Salle Pleyel à Paris.

Réécoutez l’intégralité du concert sur Philharmonie à la demande.


Été 1830. Frédéric Chopin n’a que 20 ans quand il se lance dans l’écriture d’un deuxième concerto pour piano, en mi mineur, qui deviendra plus tard le n° 1. Il en a déjà composé un autre, en fa mineur, créé le 17 mars 1830 à Varsovie. On lui attribuera le n° 2 car il sera publié tardivement, en 1836.

Comme pour le Concerto en fa, quand Chopin compose celui en mi, il pense à son idéal féminin, Konstancja Gładkowska, étudiante en classe chant au Conservatoire de Varsovie. Chopin entretient une forme d’amour platonique envers la jeune soprano, il éprouve pour elle des sentiments poétiques, alimentés par des rêveries qu’il ne voudrait pas voir entachées par la réalité…

Le Concerto en mi mineur est terminé en août 1830. Chopin le présente à l’élite musicale polonaise et à ses amis proches le 22 septembre, chez lui, rue du Faubourg de Cracovie. Le poète Stefan Witwicki écrit dans le Journal général national : « Je me contenterai d’un seul mot : c’est l'œuvre d’un génie. L'originalité et la grâce de l’idée, la richesse de l’imagination, le talent pour les arrangements, et enfin une exécution magistrale émerveillèrent les auditeurs. »

À cette époque, l’Europe est en effervescence, animée par un vent de révolte contre les régimes autoritaires. La Pologne, elle, s’insurge contre la domination russe. À Varsovie, le climat politique est pesant. Une fois le concert passé, Chopin prévoit de se réfugier à Vienne où la situation est plus calme.

Le Concerto est officiellement créé le 11 octobre 1830 au Théâtre national de Varsovie, à l’occasion du concert d’adieux de Chopin. Sept-cents personnes sont présentes pour l’acclamer. L’Adagio et le Rondo font l’unanimité. Chopin est heureux de la représentation. Comme le rapporte le musicologue Tadeusz Zieliński, : « Il n’avait éprouvé aucun trac et, selon ses propres mots, il avait joué comme s’il avait été seul chez lui ».

Créé sept mois après le Concerto en fa mineur, celui en mi semble plus mature, plus abouti. Il est aussi plus imposant, plus puissant, alors que celui en fa relevait du domaine de l’intime. Le premier mouvement s’ouvre par une magistrale introduction orchestrale, franche et affirmée. Deux thèmes alternent dans ce mouvement, l’un délicat, l’autre ample et solaire.

Dans la Romance, le deuxième mouvement, Chopin cherche à se démarquer du Larghetto du Concerto en fa, et limite les procédés d’ornementation. Dans une lettre datée du 15 mai 1830, adressée à son ami Tytus Woyciechowski, Chopin écrit : « Je n’y ai pas recherché la force. Il s’agit plutôt d’une romance calme et mélancolique. Elle devrait donner l’impression d’un doux regard plongé en un lieu évoquant mille souvenirs charmants, comme une rêverie par un beau temps printanier, mais au clair de lune. » Le contraste entre ce mouvement et le suivant est saisissant. Le calme cède la place à une ronde effrénée, inspirée d’une danse polonaise, le krakowiak, populaire du côté de Cracovie.

De Chopin, on connaît surtout les œuvres pour piano seul. Ses compositions pour orchestre, toujours avec piano, sont peu nombreuses et datent de sa jeunesse : deux concertos et quelques pièces de bravoure, par exemple les Variations sur « Là ci darem la mano » de Mozart ou la Grande Polonaise brillante. Dans les concertos pour piano de Chopin, l’orchestre est relégué au second plan, ce qui correspond en fait à une mode de l’époque où l’essentiel est de mettre en avant l’instrument soliste.

Quelques jours après la création du Concerto, Chopin prépare ses affaires, fait ses adieux à ses proches et quitte Varsovie sans savoir qu’il n’y remettra jamais les pieds.

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • Production Cité de la musique - Philharmonie de Paris