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Les Clés du classique #33 - Les Planètes de Holst

Publié le 19 avril 2023 — par Charlotte Landru-Chandès

Suite symphonique empreinte de mysticisme, Les Planètes (1920) de Gustav Holst a inspiré de nombreux compositeurs de musiques de film.

La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits des Planètes de Holst sont interprétés par l’Orchestre National des Pays de la Loire dirigé par Pascal Rophé avec le Chœur du Forum National de la Musique de Wroclaw. Concert enregistré à la Philharmonie de Paris le 24 novembre 2017.

Retrouvez l’ensemble du concert sur Philharmonie à la demande.


C’est à ses Planètes que Gustav Holst, compositeur anglais d’origine suédoise, doit sa renommée. Créée en public le 15 novembre 1920 à Londres, l’œuvre connaît tout de suite un immense succès. La majorité des critiques sont élogieuses. Comme le souligne le Daily Mail, le langage des Planètes n’est « ni poétique, ni pittoresque, heureusement, mais pure musique ».

L’œuvre se découpe en sept parties, portant chacune le nom d’une planète : Mars, Venus, Mercure, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. La partition suit l’ordre chronologique de la composition, sauf pour Mercure, le troisième mouvement, composé en dernier, en 1916.

Les Planètes de Holst n’ont aucun lien avec l’astronomie ou la mythologie romaine. Le compositeur raconte que « ces pièces [lui] ont été inspirées par la signification astrologique des planètes ; il ne s’agit pas de musique à programme, et il n’y a aucun rapport avec les divinités de la mythologie classique portant les mêmes noms ». Quant aux titres et sous-titres, ils sont là pour suggérer le contenu de chaque partie.

C’est donc ici d’astrologie qu’il s’agit, un sujet qui passionne Holst depuis un voyage en Espagne, en 1913, avec le compositeur Arnold Bax et son frère Clifford. Intéressé par la nature humaine, Holst s'amuse à faire les horoscopes de ses amis – cela dévoile leurs forces et leurs faiblesses. Pour lui, l’astrologie est un « vice familier ».

Depuis 1903, Holst est directeur musical à l’école de filles Saint Paul à Hammersmith, à Londres, un poste qu’il gardera toute sa vie. En 1913, une nouvelle aile est inaugurée dans le bâtiment. Holst bénéficie alors d’une immense salle insonorisée, où il peut venir travailler tranquillement les dimanches et pendant les grandes vacances, quand il n’y a pas cours.

C’est en 1914, trois mois avant la guerre, que Holst entreprend l’écriture des Planètes. Certains ont vu dans Mars, titre du premier mouvement, un écho direct à la Première Guerre mondiale. Mais Holst raconte qu’il avait terminé son travail avant le 4 août 1914, date de la déclaration de guerre du Royaume-Uni à l’Allemagne.

Mars, sous-titré « celui qui apporte la guerre », ouvre donc le cycle des Planètes. C’est probablement le mouvement le plus connu. Par ses rythmes obstinés et ses dissonances, il n’est pas sans rappeler le Sacre du printemps de Stravinski, entendu à Londres peu de temps avant. Le thème de Mars va inspirer la culture populaire, à commencer par la bande originale du film Star Wars de John Williams.

Après Mars, voici Vénus, « celle qui apporte la paix », une pièce lyrique et lumineuse qui pourrait s’apparenter au mouvement lent d’une symphonie. Vénus est suivi de Mercure, « le messager ailé », sorte de scherzo aérien et bondissant.

Les quatre autres mouvements datent tous de 1915. Vient d’abord Jupiter, « celui qui apporte la gaîté ». Holst en reprendra le deuxième thème, et y ajoutera le poème, I Vow to Thee, My Country, (« Je me dévoue à toi, mon Pays »), de Cecil Spring Rice qui deviendra un hymne britannique connu.

Saturne, « celui qui apporte la vieillesse », est la cinquième planète de Holst, et aussi sa préférée. Elle se caractérise par un mouvement de balancier obsédant qui évoque le passage du temps. Vient ensuite Uranus, « le magicien », sorte de danse marquée par un rythme pointé, peut-être une allusion à L’Apprenti sorcier de Paul Dukas.

Le cycle se clôt par Neptune, « le mystique ». Holst fait ici intervenir un chœur de femmes a cappella, un écho aux Sirènes des Nocturnes de Debussy. Le compositeur voulait que les chanteuses soient placées en coulisses, comme si leurs voix disparaissaient peu à peu dans l’infinité du cosmos…

L’œuvre est créée en privé le 29 septembre 1918 à Londres sous la direction du chef Adrian Boult. En 1930, Pluton est découverte par l’astronome américain Clyde Tombaugh, et sera longtemps considérée comme la neuvième planète du système solaire. Holst ne complétera pas pour autant sa suite de planètes, déjà victime de son succès, au détriment du reste de sa production.

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris